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«Causeur» a vu le «film de Noël» des Obama!

Et ce n’est pas franchement une comédie familiale…


«Causeur» a vu le «film de Noël» des Obama!
Mahershala Ali, Myha'la, Julia Roberts et Ethan Hawke, "Leave the World Behind", Sam Esmail, 2023 © Netflix

Dans « Le Monde après nous », une gentille famille américaine partie se reposer dans une luxueuse maison se trouve confrontée à une situation chaotique après une cyberattaque. Tout appareil électronique est hors service, et deux inconnus font irruption dans la location.


Mis en ligne par Netflix le 8 décembre, Le Monde après nous de Sam Esmail a vite occupé la première place des audiences de la plateforme. Selon les chiffres communiqués par le géant du divertissement en streaming, 41 millions de téléspectateurs ont effectivement visionné le film de 2 heures 20 en une semaine.

Angoisse sourde

« Pardonnez-moi de vous déranger, mais vous êtes dans notre maison ! » s’entend dire au début du film le couple new-yorkais bobo formé par Julia Roberts et Ethan Hawke. C’est fâcheux : ils s’apprêtaient à passer leur première nuit tranquilles, dans cette luxueuse demeure de campagne qu’ils viennent de louer sur Airbnb. Soupçonneuse, Julia Roberts n’entend pas laisser entrer l’homme noir qui se présente avec sa fille à sa porte ; elle invite son mari à rester méfiant. Les propriétaires présumés venus déranger la tranquillité des principaux protagonistes racontent qu’ils n’ont pas trouvé d’autre endroit où aller, et qu’un blackout terrible touche New York non loin de là. Cette intrigue plutôt classique, et la trouille de Julia Roberts qui invite son époux à se munir d’une batte, car elle craint pour la sécurité de ses deux enfants couchés, laisse présager que nous allons voir un énième film de « home invasion ». Mais, nous découvrons vite que s’il faut craindre une invasion, ce n’est pas celle-là.

Ce film n’est donc pas un film de « home invasion » comme les autres, mais le thriller d’anticipation de Sam Esmail (connu pour les séries Mr Robot, en 2015, avec Rami Malek sur USA Network, ou Homecoming, en 2018, avec déjà Julia Roberts sur Amazon Prime Vidéo) est efficace et vite assez étouffant. L’angoisse sourde, ressentie par les personnages, et le spectateur qui les observe, est finalement très proche de celle que les spectateurs avaient pu avoir il y a bien longtemps devant Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Ce qui, pour un thriller psychologique post-apocalypse, est bon signe. Et d’ailleurs, le comportement des animaux autour de la propriété est assez étrange.

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Sur la forme, certains plans ou effets spéciaux peuvent lasser. Notamment lorsque la caméra passe sans cesse à travers les fenêtres ou les murs, sans aucune raison, à part celle de vouloir démontrer que le réal est un virtuose et qu’il a obtenu un coquet budget pour réaliser tous ses effets spéciaux. Ou lorsqu’on nous montre des cerfs effrayants ou des flamants roses, reproduits en image de synthèse (il faudrait dire un jour à toutes ces productions américaines où les animaux sont faits en 3D, que cela se voit toujours). Mais, si on laisse ces peccadilles de côté, le plus terrible c’est que le fond de l’intrigue demeure terriblement crédible. Même si le film contient inévitablement quelques messages politiques un peu pénibles (et pas qu’à la fin), même s’il semble blâmer le manque de réalisme de la série Friends ou s’en prendre aux partisans du survivalisme (des bas du front, forcément), il parvient brillamment à aborder les principales peurs qui assaillent l’Amérique ou l’Occident actuellement : montée en puissance des géants asiatiques, intelligence artificielle, crainte de l’extinction de l’espèce ou du retour de conflits ethniques.

Récits concurrents

C’est le premier film de fiction produit par Higher Ground, la société de production de Barack et Michelle Obama, lesquels ont signé en 2018 un gros deal avec Netflix. L’ancien président démocrate et sa femme sont persuadés que le vrai pouvoir réside désormais dans la « mise en récit » du monde. Invité à commenter sa décision de travailler avec Netflix, Obama affirmait en 2018 de façon un peu brumeuse: « Je n’aurais jamais été président si je n’avais appris très tôt dans ma carrière l’importance des histoires (…) Nous sommes tous humains et pourtant, actuellement, nous avons des récits concurrents. Je continue de croire que si nous écoutons les histoires des uns et des autres et que nous nous reconnaissons les uns les autres, alors notre démocratie fonctionnera ». Alors que son film est inspiré d’un roman de Rumaan Alam publié en 2020, Sam Esmail a expliqué à Vanity Fair que « dans les versions originales du scénario, [il a] définitivement poussé les choses beaucoup plus loin que dans le film, et le président Obama, ayant l’expérience qu’il a, a pu donner un peu de recul sur la manière dont les choses pourraient se dérouler dans la réalité ». Le couple Obama est par ailleurs ami avec M. Esmail depuis longtemps, et l’ancien président avait inclus le roman de Rumaan Alam dans sa liste de lecture annuelle en 2021.

Mais n’en dévoilons pas plus sur l’intrigue pour ceux qui souhaitent voir le film. Surtout : qu’ils se demandent lors de leur visionnage pourquoi Julia Roberts est de si mauvaise humeur, pourquoi elle n’aime pas ses contemporains et ne fait confiance à personne. Rien que pour les scènes spectaculaires et inventives du pétrolier qui vient s’échouer sur la plage ou des voitures Tesla autonomes devenues folles, ce film vaut de toute manière le coup d’œil.




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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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