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«Grand remplacement»: l’angle mort de Darmanin

Notre ministre de l’Intérieur n’est pas à l’aise avec le basculement démographique en cours


«Grand remplacement»: l’angle mort de Darmanin
Gérald Darmanin ce matin, sur France inter. Image: capture d'écran YouTube

Invité sur France inter mardi, le ministre de l’Intérieur a refusé de donner son avis sur la théorie contestée du « Grand remplacement » avancée par Eric Zemmour. Plutôt que de se prononcer sur le fond du phénomène, il a dénoncé une « comptabilité macabre » et défendu sa loi contre le séparatisme.


À trois reprises, Gérald Darmanin aura été relancé. Sans succès.

Les journalistes de France inter recevaient ce matin le ministre de l’Intérieur. Et par l’intermédiaire de Léa Salamé, qui avait opportunément sélectionné l’email d’un auditeur, la radio publique l’a questionné sur le basculement démographique en cours, que Causeur met en couverture de son magazine ce mois-ci.

Alors qu’il venait parler du procès de neuf mois qui s’ouvre autour des attentats de novembre 2015, et que pas moins de 1000 policiers ont été déployés par ses soins devant le Palais de Justice sur l’Ile de la Cité à Paris, le ministre n’avait visiblement pas envisagé que la radio de gauche lui poserait pareille question. Il a semblé gêné.

Je ne fais pas de débat avec Eric Zemmour

« Eric Zemmour pense qu’en 2050 la France sera à moitié islamique, et qu’en 2100 on sera une République islamique. Vous répondez quoi à ça ? » a donc benoîtement questionné Léa Salamé.

« Moi je ne fais pas de débat avec Eric Zemmour, un homme que je respecte comme tous les hommes et les femmes de France… » a d’abord avancé le ministre, faisant un pas de côté.

« Et sur ce qu’il dit sur le fond ? » a ensuite insisté Salamé.

Ce à quoi le ministre a préféré répondre en faisant de la petite politique. Il a affirmé être « désespéré d’entendre certains anciens compagnons qui se disent gaullistes dire qu’ils pourraient voter pour Zemmour contre M. Macron. » Prends-ça, Eric Ciotti ! Gerald Daramin a fustigé cette nouvelle « radicalité chez les LR », alors que selon lui une grande majorité de cette famille politique resterait dans « l’arc républicain » comme Damien Haddad ou Eric Woerth et voterait Macron en 2022, comme il se doit ! Les autres, ceux qui sont « partis de l’autre côté », le ministre les considère apparemment comme des pestiférés et préfère les oublier. Mais Léa Salamé ne se contente pas de cette esquive : « Et sur ce qui agite Eric Zemmour, sur cette théorie du « Grand remplacement », vous lui répondez quoi, sur le fond ? Si vous l’aviez en face de vous ? Répondez svp ! » s’est-elle obstiné.

Dans cent ans, on sera tous morts

« Dans 100 ans, si on y va par-là, on sera tous morts ! » a alors ironisé le ministre.

Puis, ce qui est tout à son honneur, mais se révèle malheureusement grandement insuffisant, Gérald Darmanin a rappelé nos grands principes français. Selon lui, « nous sommes d’abord une république laïque » et nous devrions nous refuser à comptabiliser les gens par rapport à leur religion ou leur race.

« Je ne suis pas dans une comptabilité macabre. Je suis un enfant d’un grand-père musulman, de deux grand-mères catholiques et d’une grand-père juif. J’espère qu’on ne me compte pas comme un ¼ musulman, 2/4 catholique et ¼ juif. Je refuse ce comptage singesque, c’est abaisser la France au niveau de tout ce qu’elle n’est pas ! » a-t-il argumenté.

Il est tout à fait opportun de rappeler tout cela, mais cela n’apporte malheureusement aucune esquisse de solution à notre problème. Les zemmouriens craignent qu’un volume d’immigration non assimilée trop important rende caducs ces beaux principes.

Menace islamiste rouge

Toujours sur l’antenne de nos confrères de France inter, en réponse à une autre question, Darmanin a enfin révélé que la France avait dû faire face à 50 attentats depuis l’élection du président Macron, dont 36 ont heureusement été déjoués (dont cinq depuis le début de 2021). Il a enfin affirmé que la menace terroriste était particulièrement élevée, parlant des islamistes mais aussi de l’ultra droite, et précisé que le président Macron et son gouvernement étaient actuellement très inquiets. La victoire des talibans en Afghanistan pourrait galvaniser les islamistes, tout comme l’attention médiatique actuellement focalisée sur l’islamisme radical par le procès du Bataclan…

Il n’en demeure pas moins que quand il nous dit qu’on devrait relativiser nos inquiétudes quant à la démographie, Gérald Darmanin se refuse à ancrer son action gouvernementale dans un quelconque souci de notre continuité historique. Et que quand il passe si aisément des menaces terroristes actuelles à la théorie du « grand remplacement » sans faire le moindre lien, il ne fait que souligner cet angle mort du fameux « arc républicain », du centre macroniste et de ce gouvernement dans lequel il sert.



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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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