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Donald Trump: objectif Cour suprême


Donald Trump: objectif Cour suprême
Rudi Giuliani, l'avocat de Trump, devant le Pennsylvania State Senate Majority Policy Committee, le 25 novembre 2020, à Gettysburg, Pa. (AP Photo/Julio Cortez)/PAJC111/20330656645564//2011251915

L’étau se resserre pour Donald Trump. Mais il espère encore retourner l’élection en démontrant des irrégularités suffisamment massives dans au moins trois états-clés: Pennsylvanie, Michigan et Géorgie. Nous passons ici en revue les irrégularités que le clan Trump dénonce.


Quelle est aujourd’hui la stratégie de Donald Trump ? Continuera-t-il à contester le résultat des élections présidentielles ? Selon Alan Dershowitz, avocat et juriste constitutionnel, professeur émérite à Harvard, l’objectif de Trump consiste à faire repasser Biden en-dessous des 270 grands électeurs. Si aucun des candidats n’a la majorité de 270, le 12e Amendement prévoit que l’élection se joue à la Chambre des représentants. À raison d’une voix par Etat, les Républicains y sont majoritaires.

Je veux mon avocat !

« Si vous êtes près de l’ennemi, faites-lui croire que vous êtes loin de lui. » (Sun Tzu, Art de la Guerre).

La stratégie de Donald Trump repose sur ses avocats. Rudy Giuliani, ancien procureur, ancien maire de New-York et qui dirige l’équipe juridique de Trump, affirme que, dans la plupart des Etats-clés, il dispose d’au moins cent « affidavits » (témoignages sous serment susceptibles de vous envoyer en prison en cas de parjure) pour faire invalider, dans la seule Pennsylvanie (20 Grands électeurs), 670 000 voix. L’avance de Joe Biden dans cet État est d’environ 80 000 voix…

Élucubrations ? Il a fourni, jeudi 19 novembre, lors d’une conférence de presse de 1h45 – à revoir sur YouTube, non couverte par la plupart des grands médias américains – un affidavit qu’on peut vérifier publiquement (la centaine d’autres témoins doivent en effet être protégés). Il s’agit en l’occurrence d’une témoin, Jessie Jacob, qui décrit des irrégularités dans un gros bureau de vote à Détroit, Michigan : « Mon superviseur m’a ordonné d’apposer sur des votes par correspondance, une date antérieure à celle de leur envoi ». Giuliani affirme que des fraudes de ce genre auraient été la règle dans la plupart des Etats-clés. Il parle d’autres irrégularités comme des doubles votes (en présentiel et par correspondance), des non-vérifications d’identité, des assesseurs républicains empêchés de surveiller le dépouillement… Lors d’une audition mercredi 25 novembre devant l’Assemblée locale de Pennsylvanie dans une salle de conférence d’hôtel à Gettysburg, et devant des sénateurs de l’État, Rudy Giuliani a présenté une série de ces témoins dont un qui aurait été empêché de surveiller le dépouillement dans un bureau de votes.

Au début de cette affaire, une quasi omerta a régné sur les principales chaînes de télévision américaines, à l’exception de Fox News, Newsmax et OAN. On imagine aisément leur attitude si Joe Biden s’était plaint d’irrégularités électorales… Tout au long de la campagne, d’ailleurs, le parti pris des médias mainstream en faveur de Joe Biden est évident. Le centre de recherche sur les médias « MRC » a ainsi mené divers sondages qui démontrent que 17% des électeurs de Joe Biden n’auraient pas voté pour lui s’ils avaient eu connaissance d’affaires non-couvertes, comme les allégations d’emails supposément compromettants contenus dans l’ordinateur portable de Hunter Biden, le fils de Joe. A ce sujet, rappelons qu’au mois d’octobre le New York Post a publié deux articles critiques sur Hunter Biden et son affairisme en Ukraine, dont la dissémination a été délibérément limitée par Twitter et Facebook… Trop gênants pour le « candidat des GAFAM »?

Conspiration?

En parallèle, Me Sidney Powell, ancienne procureure, étudie, indépendamment de l’équipe de Trump, un axe très différent et qui relève d’une éventuelle conspiration autour des machines à voter Dominion. Le 25 novembre, Me Powell a déposé une plainte en Géorgie et au Michigan. Le document de plus de 100 pages déposé notamment devant une cour du Michigan est public et peut être consulté en ligne. Pour faire court, il y est allégué, entre autres, quatre types de fraude présumée: les votes orphelins (30 000 électeurs ont reçu une assignation à voter sans le demander et 30 000 bulletins envoyés par correspondance sont indiqués comme manquants) ; le fractionnement des votes (le système Dominion/Smartmatic contiendrait un algorithme qui permet d’attribuer une fraction du vote à un candidat déterminé) ; l’impossibilité physique supposée de compter 384 000 votes, presque tous pour Joe Biden, dans quatre arrondissements en deux heures dans la nuit du 3 au 4 novembre. Me Powell relate qu’Eric Coomer, un ancien employé de Dominium, se serait vanté sur un forum antifa avant l’élection: « Don’t worry Trump won’t win the election, we fixed that. » (« N’ayez pas peur, Trump ne gagnera pas cette élection. Nous allons arranger cela. »). Le 29 novembre, le juge Timothy C. Batten a autorisé, en Géorgie, les plaignants à mener une inspection « technique » des serveurs Dominion de manière approfondie.

Les grands médias américains mainstream et l’Associated Press continuent de nier toute possibilité de fraudes, taxant Donald Trump de mauvais perdant et d’irresponsable. Pourtant, ces mêmes médias ont endossé l’histoire abracadabrantesque du « dossier russe », une enquête de deux ans et demi menée pendant le mandat de Trump par le Procureur Mueller contre le président Trump, enquête qui avait tenté, en vain, de démontrer que des hackers russes avaient « volé » l’élection à Hillary Clinton. Dans le cas qui nous occupe, la division cyber du Département de la Sécurité intérieure a déclaré que cette élection était « la plus sûre de l’histoire des Etats-Unis ». La firme Dominion a également nié toute compromission des résultats…

Invoquer le 12e Amendement

Me Dershowitz, qui a défendu Trump lors de sa procédure de destitution, pense que la stratégie de Donald Trump n’est donc plus d’atteindre 270 Grands électeurs mais bien de faire redescendre Joe Biden en-dessous de 270. Même 269 suffirait pour qu’une nouvelle élection présidentielle ait lieu, cette fois à la Chambre, en vertu du 12e Amendement à la Constitution américaine. Et à raison d’une voix par état à la Chambre, les Républicains y disposent de la majorité. Une autre possibilité est que le Sénat rejette plusieurs certifications de Grands électeurs s’ils émanent d’Etats « douteux ». Trump pourrait-il renverser l’élection ? À ce stade, étant donné le court laps de temps qui reste pour invalider des élections, Me Dershowitz voit tout de même Joe Biden s’installer dans le Bureau ovale le 20 janvier. S’exprimant avant le dépôt de la plainte de Sidney Powell, il a déclaré : « Dans un cas, ils n’ont pas les chiffres [pour retourner l’élection] ; dans l’autre cas, ils ne semblent pas encore avoir les preuves, peut-être qu’ils les ont, je ne les ai pas vues. Mais la théorie juridique est là pour les soutenir s’ils ont les chiffres et s’ils ont les preuves

Si Trump ne doit pas attendre des miracles des juges suprêmes qui n’aiment pas se positionner sur les procédures électorales, la Cour suprême est toutefois la plus conservatrice depuis longtemps (6 juges sur 9) avec trois juges proposés par Trump : Brett Kavanaugh, Amy Coney Barrett et Neil Gorsuch. Dans une lettre récente, le sénateur Républicain Ted Cruz demande à la Cour suprême de se pencher sur le caractère, selon lui, inconstitutionnel, du décompte des bulletins arrivés après le 3 novembre en Pennsylvanie. Dans l’affaire Gore vs. Bush en 2000, la Cour suprême des États-Unis avait donné raison à George Bush Jr le… 12 décembre. Il fut élu avec 537 voix d’avance en Floride… Trump peut-il jouer à qui perd gagne ? Réponse dans deux semaines.



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est écrivain, journaliste et romancier belge. Dernière publication : "Tout doit disparaître", Edilivre (2021)

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