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Japon: la trouille de l’école

Phénomène des "futokos": comment faire revenir les élèves absentéistes?


Japon: la trouille de l’école
D.R

L’absentéisme grandit dans les écoles japonaises. À Kumamoto, les élèves associables pourront « venir » à l’école via un robot connecté…


À l’école japonaise, l’absentéisme prend les proportions d’une épidémie, d’ailleurs exacerbée par celle du Covid. Selon le ministère de l’Éducation, le nombre d’enfants absentéistes – appelés « futokos » – est en progression constante chaque année. Les derniers chiffres indiquent que, entre avril 2021 et mars 2022, 244 940 élèves d’école primaire ou de collège ont fait l’école buissonnière pendant une période d’au moins trente jours, un record. Certes, le phénomène n’est pas sans lien avec la sévérité de la discipline scolaire et la pression à la réussite, mais il est surtout propulsé par une phobie sociale, beaucoup d’élèves craignant les interactions avec les professeurs et les camarades.

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Pour endiguer cette fuite des élèves, la ville de Kumamoto, où le nombre de futokos est monté jusqu’à 2 760 l’année dernière, expérimente un nouveau dispositif. Les élèves absentéistes seront connectés à l’école, non par un logiciel de visioconférence, mais par de véritables robots qu’ils pourront piloter depuis leur domicile. Dotés de microphones, de haut-parleurs et de caméras, grands d’environ un mètre, ces automates se déplaceront sur des roulettes non seulement à l’intérieur de la salle de classe, mais dans tout le périmètre de l’école. L’objectif ultime est d’aider les élèves à gagner suffisamment en confiance pour retourner à l’école en chair et en os. Pourtant, le problème est lié à une tendance plus générale, appelée « hikikomori », qui voit des hommes et des femmes rester confinés dans leur appartement ou leur chambre, pendant des mois, voire des années. Jusqu’à 500 000 Japonais d’un certain âge et autant de jeunes adultes pourraient souffrir de cette forme d’agoraphobie.

Selon un responsable de la municipalité de Kumamoto, les robots donneront aux élèves anxieux un « sentiment de réalité », notion vertigineuse qui traduit une aliénation extraordinaire par rapport à la vie réelle. On pense à la célèbre réplique d’Axël, de Villiers de l’Isle-Adam : « Vivre ? Les serviteurs feront cela pour nous. » Bientôt, les robots feront cela pour nous.

Octobre 2023 – Causeur #116

Article extrait du Magazine Causeur




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