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La flexible morale du suprémacisme diversitaire

Remis en liberté: Les carnets d'Ivan Rioufol


La flexible morale du suprémacisme diversitaire
D.R

L’immigration reste un sujet olfactif. Plus les yeux s’ouvrent sur les désastres causés par un peuplement de substitution, plus les coups tombent sur les propos « nauséabonds » des lucides. La propagande des promoteurs du diversitisme ne recule devant rien, à commencer par la réécriture de l’histoire.


« Charognards ! » Le mot est dégainé par les adeptes du suprémacisme diversitaire dès qu’un protégé est mis en accusation. Faire taire est l’obsession de ceux qui ont juré de sacraliser l’Autre, rédempteur des fautes françaises. Au prétexte de respecter une émotion, toute parole déplacée est vue comme un blasphème. Face à l’assassinat de la petite Lola par une clandestine algérienne, les cloueurs de becs avaient jugé les indignations plus indécentes que le crime. Je me souviens du scandale que mes propos avaient suscité, le soir de l’assassinat, le 7 janvier 2015, de mes confrères de Charlie Hebdo par un commando islamiste : participant à « On refait le monde », sur RTL, j’avais enjoint aux musulmans de se désolidariser de cette monstruosité et de le faire savoir afin d’éviter les amalgames. « Ce n’est pas le moment ! » avaient répliqué les intervenants. Rokhaya Diallo y avait été de ses larmes pour signifier ma brutalité. En 2011, la même militante de l’islam avait dit ne pas vouloir « s’apitoyer » sur l’incendie criminel de la même rédaction, qu’elle accusait alors d’être « main dans la main avec [ses] supporteurs Claude Guéant, Ivan Rioufol et Marine Le Pen ». Après l’agression au couteau d’un Syrien contre des bébés, le 8 juin à Annecy, la journaliste Pascale Clark a écrit : « La vie d’enfants est en jeu, les extrêmes pourraient avoir la décence de se taire. » Jamais le moment, compris ?

La gauche aussi fait de la « récupération »

Un bémol cependant : la règle de la décence et de la non-récupération souffre d’exceptions. Il suffit que la diversité soit la victime et non plus le bourreau. Dès lors, les charognards se font colombes. Ni la pudeur ni le respect n’ont fait obstacle, en septembre 2015, à l’exposition mondiale du cadavre d’Aylan, 3 ans, enfant syrien rejeté sur une plage turque après le naufrage d’une embarcation qui devait mener sa famille en Europe. Le portrait de George Floyd, Noir étouffé par un policier blanc américain en mai 2020, a immédiatement fait le tour du monde et suscité d’innombrables manifestations de protestations. Après le naufrage d’un bateau de pêche parti de Libye avec 750 personnes à bord, Libération, le 5 juin, puis L’Humanité, le lendemain, ont fait leur une sur cette tragédie (« Leur cimetière », « Ils les ont laissé mourir »), dans une exploitation politique d’ailleurs compréhensible. La mort de Naël M., conducteur de 17 ans tué le 27 juin à Nanterre par un policier s’estimant sans doute en danger, a immédiatement enflammé des cités éruptives. Bref, les lyncheurs appliquent des lois flexibles. Ce qu’ils veulent, c’est maintenir leur impunité et de ne pas avoir à rendre des comptes sur les violences de leur clientèle. J’ai cherché en vain une réaction du SNJ (Syndicat national des journalistes) après la mort, le 8 juin, d’un cameraman de TF1, Guillaume Taverne, tué dans une rue de Paris par un SDF algérien.

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Constatons-le : l’immigration reste un sujet olfactif. Plus les yeux s’ouvrent sur les désastres causés, en moins de quarante ans, par un peuplement de substitution, plus les coups tombent sur les propos « nauséabonds » des lucides. Une majorité de sondés jugent qu’il y a trop d’immigrés. Les promoteurs du diversitisme soutiennent qu’il n’y en a pas assez. Leur propagande ne recule devant rien, à commencer par la réécriture de l’histoire. Les régimes totalitaires procédaient de la sorte pour marteler leurs vérités. C’est ainsi que le Musée de l’histoire de l’immigration, sous l’impulsion de l’historien Patrick Boucheron et le parrainage du ministère de la Culture, s’est mis au service des fanatiques d’une société multiculturelle, au prix d’un mémoricide balayant la source gauloise. Le musée est allé jusqu’à faire de Louis XIV, descendant d’Henri IV et des Capétiens, un de ces « étrangers qui ont fait la France » car sa mère, Anne d’Autriche, était espagnole et sa grand-mère autrichienne. « Notre mission c’est de faire de l’immigration un élément central de l’histoire nationale », avait expliqué Pap Ndiaye, lorsqu’il était directeur du musée de la porte Dorée. Ce grand remplacement des ancêtres est une violence faite aux « Français de souche », indigènes indésirables. En mémoire de ma famille née dans le Vivarais (1469, premier document), je refuse cet effacement.

La caste des déracinés

Une guerre des mémoires est attisée par les faussaires. Ils sont soutenus par la caste des déracinés qui s’accrochent au pouvoir. Le terrain leur est favorable, tant la transmission de l’histoire a été saccagée par l’École amnésique. Le gouvernement part en guerre contre la désinformation, mais laisse les mensonges s’épanouir. À côté des falsificateurs du roman national, les dénégationnistes se bousculent : ils jurent que ce que l’on voit n’est pas ce que l’on voit. Une vidéo filme une grand-mère et sa petite fille agressées à Bordeaux par le Français Brahima B., mais Élisabeth Borne accuse de « récupération » ceux qui s’exaspèrent. Après l’horreur des bébés poignardés, la députée LFI Clémentine Autain avait déclaré : « Il n’y a pas de lien entre ce drame et l’immigration. » Même aveuglement chez le sociologue Jean Viard, le 9 juin sur France 5 : « Aujourd’hui l’immigré est considéré comme un risque, mais il faut rappeler que la délinquance des immigrés n’est pas supérieure aux taux des Français. » Et d’ajouter : « L’essentiel des immigrés, aujourd’hui, sont des universitaires. » Jacques Attali avait donné le la au chœur des bonimenteurs, le 3 octobre 2019, en déclarant aux Échos : « Il n’y a aucun envahissement de la France ni de l’Europe par l’islam ou par l’Afrique. […] 99 % des migrants non européens s’intègrent parfaitement. » Ces déments assurent que leurs contradicteurs sont fous.

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Question : jusqu’à quand les Français aux yeux grands ouverts vont-ils devoir supporter ce monde faux, ce dérèglement des esprits, cette mascarade qui s’installe jusque dans la guerre-spectacle et le putsch bidon contre Poutine ? Henri d’Anselme, 24 ans, le pèlerin héroïque qui a chassé, le 9 juin, le démoniaque Syrien « chrétien » qui s’apprêtait au massacre renouvelé des Innocents, a apporté une réponse limpide : « Levez la tête, arrêtez de subir le mal. Ce que nos ancêtres ont fait de grand, de beau et de bien ce sont les cathédrales, formidables symboles d’unité, d’espoir et d’espérance. » Oui ; dire non.

Été 2023 – Causeur #114

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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