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Qui était Shirel Aboukrat, franco-israélienne tuée en Israël?

Le terrorisme s'abat de nouveau sur l'État hébreu


Qui était Shirel Aboukrat, franco-israélienne tuée en Israël?
Funérailles de Shirel Aboukrat, 28 mars 2022, Netanya, Israël © Menahem KAHANA / AFP

Note de la rédaction.
Alors que nous finalisions hier soir la préparation de cet article de Liliane Messika pour publication, nous apprenions qu’au moins cinq personnes étaient mortes dans la banlieue de Tel-Aviv dans une nouvelle attaque. L’assaillant, un Palestinien ayant passé quatre ans dans les prisons israéliennes, a été tué par les forces de l’ordre. Il a ouvert le feu sur les passants. Il s’agit là de la troisième attaque terroriste dans le pays en une semaine •

Une Française juive et un Druze israélien tués sous l’uniforme de Tsahal le 27 mars


Shirel Aboukrat ne serait certainement jamais devenue célèbre en France si elle n’avait pas été tuée à l’âge de 19 ans, dans l’État juif, par l’État islamique. Elle était née à Marseille et avait trois ans, en 2006, quand elle est arrivée en Israël. Ses parents avaient choisi d’émigrer pour se sentir plus en sécurité qu’en France, où les Juifs marchaient tête baissée. Shirel avait la double nationalité française et israélienne.

La famille a choisi Ramat Poleg, une petite ville proche de Natanya. La communauté française y est tellement nombreuse que les affiches dans les rues et les menus des restaurants sont en trois langues : hébreu, arabe et français.

Une bonne élève qui avait rejoint l’armée avec enthousiasme

Shirel était très bonne élève. Le directeur de son école se souvient de ses excellentes notes, mais aussi de son envie d’aider les autres. Pendant deux années scolaires d’affilée, elle a apporté des sandwiches, qu’elle confectionnait chez elle, pour les élèves des familles pauvres.

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Shirel rêvait de faire son service militaire dans la police des frontières. Elle voulait l’active, surtout pas une planque dans un bureau. Elle était en poste à Hadera, dans le nord du pays, le 27 mars, quand elle a été abattue au cours d’une attaque terroriste revendiquée par l’État islamique. Son bataillon avait suivi une session de formation à la suite de laquelle un petit groupe avait mangé au troquet du coin. Elle se dirigeait, avec un autre appelé de son âge, vers l’arrêt de bus, quand le terroriste leur a tiré dessus. Ils n’ont eu aucune chance. Son camarade d’armes et de mort s’appelait Yazam Falah. Il appartenait à une grande famille druze, qui compte des juges et des avocats. Les Druzes pratiquent une version dissidente de l’islam, qui n’est pas reconnue halal par les islamistes.

Les Israéliens juifs font trois ans de service militaire obligatoire, les Israéliennes deux ans ; pour les Arabes israéliens, c’est facultatif. Yazam avait choisi Israël.

Un officier de la marine israélienne à la retraite, Shlomo Offer, m’a expliqué que le tueur était un Palestinien de Cisjordanie « sans papier, mais pas sans emploi », qui travaillait dans le bâtiment. « Ceux qui viennent de Gaza ne peuvent pas entrer sans permis, mais entre la Judée Samarie et Israël, il n’y a que la clôture de sécurité. Les Palestiniens arrivent en masse, ils sectionnent la clôture et on ne peut pas les arrêter. On ne cherche pas vraiment, d’ailleurs: à force d’entendre dire qu’ils perpètrent des attentats à cause de la misère, on tolère cette clandestinité. Si le terrorisme était le résultat de la misère, pourquoi celui-ci a-t-il tué ceux qui lui ont donné du travail ? »

Craintes redoublées à l’approche du ramadan

Shlomo est très discret sur son activité depuis qu’il a pris sa retraite, mais on sait qu’il a participé à des pourparlers de paix qui ont abouti. Il est tout sauf un va-t-en-guerre. C’est lui qui fait remarquer que le 30 mars, trois jours après l’attentat contre Shirel et Yazam, les Arabes israéliens célèbrent la « journée de la Terre », en souvenir de la confiscation par les Juifs, en 1976, de 2500 hectares en Galilée. Cette journée de manifestations est habituellement pacifique, mais elle tombe, cette année, à la veille du Ramadan, qui commence samedi 2 avril. « C’est une période où la sécurité est en alerte parce que les Juifs tués pendant cette période comptent double », explique Shlomo.

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Shirel a été enterrée au cimetière militaire de Netanya, en présence d’une foule : amis, famille, soldats et même l’ambassadeur de France… On a vu des soldates pleurer. Des soldats aussi.

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essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

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