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Quand Mélenchon évoquait les Normands «alcooliques»

Le grand remplacement, quel grand remplacement?


Quand Mélenchon évoquait les Normands «alcooliques»
Le candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon, 8 mars 2022, Paris © Chang Martin/SIPA

En 2013, à la même occasion, le leader de la France Insoumise révélait à la radio marocaine qu’il préférait Casablanca à Clermont-Ferrand. Depuis, il a trouvé une solution pour se débarrasser des Français de souche « arriérés »: la créolisation.


Lors de son dernier meeting à Paris, Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’un « autre peuple français est là […] un peuple fier et heureux d’être déjà créolisé ». C’est une obsession chez lui.

Le leader de l’extrême-gauche rêve d’une France ressemblant à Tanger, sa ville de naissance.

L’obsession du métissage pour seule réponse au racisme

Débarquant en Normandie en 1962, il avait découvert une France qui ne ressemblait pas à celle qu’il avait « idéalisée », dira-t-il plus tard sur une radio marocaine. « La France des campagnes, ajoutera-t-il, était extraordinairement arriérée par rapport au Maroc des villes ; Casablanca était une ville plus moderne que Clermont-Ferrand. » Horrifié par le souvenir de ces Normands « alcooliques » descendant de blonds scandinaves à la peau claire, Jean-Luc Mélenchon s’installera à Paris dans le 10ème arrondissement. Là, l’hétérogénéité chromatique et les diversités capillaires le combleront et chasseront ses frayeurs enfantines, normandes et monochromes ! « Je ne peux pas survivre quand il n’y a que des blonds aux yeux bleus. C’est au-delà de mes forces », expliquera-t-il, la voix tremblante, au micro de la même radio. On comprend mieux ainsi pour quelles raisons son meeting lyonnais a été animé par un rappeur noir beuglant qu’il votera Mélenchon pour que « tous les Français se sentent Africains ».

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Au fil des ans, celui qui se rêve en lider maximo français a poussé sa réflexion sur le type humain idéal jusqu’à parvenir à la conclusion qu’il devait être « créolisé » pour être parfait. Il n’est pas le seul à être obsédé par ce métissage absolu. Visionnaire, Marie Darrieussecq, qui dit avoir suivi les séminaires d’Achille Mbembe sur le post-colonialisme, prédisait en 2013 dans une tribune publiée dans Le Monde que « l’humain du futur sera beige foncé avec des cheveux bruns ». Précisons que cette gribouilleuse, qui a appris au journal Libération qu’elle écrivait « au moins sur deux jambes », avoue aussi être une lectrice assidue de Preciado, Butler et Despentes. Tout s’explique !

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Marie Darrieussecq. ISA HARSIN/SIPA.

Mélenchon parle d’une France « rabougrie et raciste » heureusement en cours de créolisation ; Marie Darrieussecq espère la disparition de la Mer Méditerranée et un rapprochement des continents permettant une continuelle migration [1] ; l’écrivain camerounais Léonora Miano nous demande de ne pas avoir peur devant cette « transformation qui peut être effrayante pour certains mais ils ne seront plus là pour voir l’aboutissement » [2] ; l’historien camerounais Achille Mbembe déclare qu’on « assiste à un processus de repeuplement du monde, et ce processus va s’intensifier dans les années qui viennent [et] provoquer des recompositions majeures » [3]. Les plus éminents représentants des mondes politique, médiatique, littéraire ou intellectuel de gauche constatent, prédisent ou espèrent un remplacement de la population européenne. Étrangement, ce phénomène devient une thèse nauséabonde, raciste et d’extrême-droite lorsqu’il est décrit et analysé par Renaud Camus.

Une propagande continue

Les entreprises américaines et européennes participent à la propagande et proposent maintenant des publicités télévisuelles qui incarnent ce métissage idéologique reposant sur une vision du monde mêlant toutes les tendances antiracistes, décolonialistes et wokistes du moment et déniant la réalité réelle pour montrer une réalité fausse, en l’occurrence une surreprésentation de personnages de couleur dans les spots destinés aux consommateurs occidentaux. Si ce nouveau monde majoritairement afro-européen n’existe pas encore, il est souhaitable et surreprésenté dans les séries Netflix. Et comme l’exprime si joliment Mme Miano, nous ne devons pas en avoir peur. La preuve : il est prévu qu’il achète des voitures électriques, des téléphones portables et des jeux vidéo débiles comme tout le monde !

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De son côté, l’éditorialiste du Washington Post Rokhaya Diallo verrait d’un bon œil que les « commentateurs médiatiques blancs » soient eux-mêmes remplacés ou pour le moins rééduqués de telle sorte qu’ils n’aient plus « un œil attendri » sur ces « Européens blancs » que sont les réfugiés ukrainiens [4]. Comme 79% des Français sont favorables à l’accueil d’Ukrainiens, la grande penseuse devine dans cette acceptation un « privilège blanc », ce concept faisant office de sésame à toutes les thèses sur le soi-disant racisme systémique de la France. Mme Diallo fait feu de tout bois dès qu’il s’agit de mettre à mal notre pays. Elle critique son « universalisme républicain » et sa laïcité qui ne seraient destinés qu’à stigmatiser les musulmans, et dénonce la facilité avec laquelle il est prêt à accueillir des réfugiés ukrainiens « blancs » alors même qu’il renâclerait à accueillir ceux du continent africain, montrant par là son vrai visage raciste, selon elle.

Ressentiment pour les uns, révolution pour d’autres

Pour une raison ou pour une autre, toutes ces personnalités désirent plus que tout une recomposition totale de la France : population, religion, culture, mœurs. Le nerf du ressentiment et le muscle révolutionnaire opèrent de concert. Pour qui n’a pas eu ce qu’il croyait être son dû, pour l’onaniste droitdelhommiste en quête de satisfaction personnelle, pour celui qui espère substituer à une population repentante et fatiguée une nouvelle population vigoureuse et « créolisable », l’heure de gloire est peut-être venue.

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Jean-Luc Mélenchon espère ramener dans son bercail les brebis égarées que sont les potentiels abstentionnistes et promet le droit de vote à 16 ans, des augmentations mirifiques, des retraites précoces, la sortie du nucléaire, la reconnaissance du crime d’écocide, l’inscription de la « liberté de genre » dans la Constitution, etc. L’immigration, l’islamisme ou l’insécurité sont des sujets qu’il évite soigneusement, sauf à les traiter à la manière des sociologues de gauche, c’est-à-dire par la seule explication sociale et en dénonçant globalement la “société française” et le capitalisme. Ayant compris qu’il n’a aucune chance d’être élu et que la décennie qui vient verra des changements encore plus brutaux et durables que ceux d’aujourd’hui, peut-être Jean-Luc Mélenchon prépare-t-il cyniquement le terrain pour ses successeurs, ces idiots utiles de toutes les révolutions “intersectionnelles” en cours qui n’imaginent d’ailleurs pas un seul instant qu’ils seront les premières victimes de ces renversements qu’ils appellent de leurs vœux – et c’est bien la seule satisfaction que nous tirerons de la catastrophe annoncée : « Le révolutionnaire ne découvre “l’esprit authentique de la révolution” que devant le tribunal révolutionnaire qui le condamne » [5].

L’histoire n’ayant jamais démenti ce fait indéfectible, suivons l’adage de Lao-Tseu et, patients, asseyons-nous au bord de la rivière en attendant de voir passer les cadavres de nos ennemis.

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[1] Marie Darrieussecq, La mer à l’envers, Éditions P.O.L.

[2] Sur le plateau de Ce soir ou jamais, émission de France 2, le 8 novembre 2013.

[3] Au micro de France Culture, journal de 8 heures, le 3 mai 2016.

[4] Article publié dans le journal Marianne n°1305 (du 17 au 23 mars 2022).

[5] Nicolás Gómez Dávila, Le réactionnaire authentique, Éditions Du Rocher.



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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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