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Pécresse menace déjà Macron

Valérie Pécresse trop vite, trop tôt?


Pécresse menace déjà Macron
Premier meeting de la candidate des Républicains, Saint-Martin-de-Vesubie, 6 décembre 2021. © SOPA Images/SIPA. Numéro de reportage : 01051769_000007

Dans un récent sondage Elabe « Opinion 2022 », Valérie Pécresse est donnée gagnante contre Macron au second tour, avec 52% des voix. Le président-(presque) candidat n’est donc plus le seul à occuper l’espace entre la gauche et la droite radicale…


Initialement j’avais eu l’intention de réunir dans un même billet Valérie Pécresse et Eric Zemmour. Ce n’est pas parce qu’ils ne s’aiment pas et militent pour des causes différentes que le citoyen que je suis n’aurait pas le droit d’applaudir la fulgurante progression de la première et de considérer que le second, même si on ne vote pas pour lui, a réussi sa mue à Villepinte, sur le plan de la forme, en métamorphosant son talent médiatique en un verbe politique. Ce qu’il n’avait pas su faire jusqu’alors.

A lire aussi, du même auteur: Valérie Pécresse, à vous de protéger les Français!

Son agression par V. Abdelmajid, encarté LR depuis un mois, plusieurs fois condamné, ne lui a pas fait perdre sa maîtrise pour le discours à venir et les violences finales entre les perturbateurs de SOS Racisme, le service d’ordre de Zemmour et l’escouade venue prêter main-forte à ce dernier ont démontré, encore une fois, que la bienveillance médiatique s’attache plus volontiers, quand il s’agit de la droite, aux trublions venant entraver le débat démocratique qu’à ceux qui en sont victimes.

Un front uni contre le délitement de la France

Mais Valérie Pécresse, depuis sa victoire éclatante au congrès LR, ne peut laisser indifférents les citoyens qui, quelle qu’ait été leur option originelle, découvrent avec bonheur que cette candidate ne sera de loin pas la plus mauvaise lors de la future élection présidentielle. Certes je peux être agacé par le besoin de Valérie Pécresse de faire trop souvent référence à Jacques Chirac – ni un modèle d’éthique ni l’adepte d’une France en mouvement, plutôt le créateur de la précaution immobile – mais il n’empêche que son succès, avec le beau score d’Eric Ciotti, rendrait inutiles de ma part des récriminations, des procès d’intention et des attaques qui détourneraient de la seule finalité essentielle: nous avons dorénavant une femme de talent susceptible de battre le président de la République. Il ne sert à rien de ressasser, dans le camp de la droite républicaine, qu’elle serait macrono-compatible alors qu’on n’en est plus là et que tout démontre qu’elle va incarner « la droite de fermeté et de conviction » dont Dominique Reynié souhaite l’émergence dans Le Figaro.

Valérie Pécresse trop vite, trop tôt, c’est une évidence, mais elle n’oubliera pas que les mois de janvier et de février seront décisifs…

Ce champ régalien est d’autant plus fondamental qu’entre Eric Ciotti et elle, à l’exception de nuances guère significatives, il ne souffre pas de la moindre ambiguïté ni de la moindre faiblesse. Tous deux constituent un front uni contre le délitement de la France depuis 2017, sur tous les registres qui préoccupent et angoissent nos concitoyens. Valérie Pécresse abandonnera cette idée trop mal comprise, malgré l’exemple danois, de rendre les sanctions plus sévères dans certaines cités, mais elle ne déviera pas de son cap à cause des reproches comiques d’un Éric Dupond-Moretti se posant en juge de la droite d’aujourd’hui par rapport à celle d’hier. Éric Ciotti est trop loyal, trop fiable, quoique déterminé (ni Muselier ni Estrosi !) pour constituer l’affirmation de son identité propre telle une entrave à l’unité de son camp. Alors que ce camp – et on n’a jamais eu envie de se moquer de l’équipe de France, qui avait belle allure, vantée par tous les candidats LR – va représenter pour l’avenir proche une formidable opportunité contre la personnalité et la pratique présidentielles depuis 2017.

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Au narcissisme solitaire, à la curieuse et constante alternance de oui ou de non, de pour ou de contre, à l’obsession de la repentance avec l’occultation masochiste de la gloire française, à l’arrogance profonde mal dissimulée par une familiarité et une démagogie superficielles, LR opposera, ce qui me paraît fondamental sur le plan démocratique, un collectif de haut niveau qui entourera la présidente et évitera à celle-ci de se croire le centre du monde.

Macron n’est plus seul…

Demain, il ne devrait plus être possible de mener la France, par exemple, à la baguette sanitaire, conseils de défense multipliés, sans l’ombre d’une consultation républicaine. Demain on ne choisira plus les Premiers ministres au petit bonheur la chance (je songe à Jacques Chirac optant pour Jean-Pierre Raffarin selon la relation qu’en fait Catherine Nay) ni les ministres pour surprendre (Dupond-Moretti adoubé par le couple Macron). Il n’y aura plus de désinvolture régalienne. Trois sondages propulsent Valérie Pécresse en forte avancée et notamment le dernier qui la verrait battre Emmanuel Macron au second tour. LR a été si longtemps relégué et moqué – et Christian Jacob, devenu le sauveur aujourd’hui, y avait mis du sien ! – que je ne voudrais pas que cette embellie éclatante et précipitée fasse perdre la tête à l’équipe de campagne de Valérie Pécresse et aux Républicains soutiens de longue ou de fraîche date. Mais la présence de Patrick Stefanini auprès de la candidate et le propre bon sens de celle-ci qui ne va pas disparaître comme François Fillon, la victoire acquise, sont rassurants.

Valérie Pécresse trop vite, trop tôt, c’est une évidence, mais elle n’oubliera pas que les mois de janvier et de février seront décisifs. Quel baume déjà de savoir que la droite authentique est de retour et qu’Emmanuel Macron a beau continuer, président-candidat ou candidat-président, à profiter avec cynisme de son double statut, il ne sera plus tout seul dans l’espace politique !



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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