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La Mort verte


La Mort verte

Enfin ! Pour la première fois depuis que, voici tantôt 40 ans l’écologie, de discipline scientifique, s’est transformée en idéologie, cette mutation génétique est dénoncée pour ce qu’elle est : une redoutable imposture.

En 2007 paraissait chez Plon Les Prêcheurs de l’Apocalypse, un livre de Jean de Kervasdouec qui ne reçut pas, comme on dit, l’accueil qu’il méritait. C’est l’honneur de France 2 que d’avoir adapté ce travail salutaire en un documentaire pertinemment sous-titré : « Quand l’écologie perd la raison. »

Les deux auteurs, Jérôme Lambert et Philippe Richard, ne donnent la parole qu’à la communauté scientifique. Disons-le tout net : ce parti pris assumé change agréablement des vaticinations catastrophistes dont nous nous tympanisent ordinairement les « spécialistes » de l’écologie sélectionnés par les médias (José Bové, Nicolas Hulot, Noël Mamère et autres « charbonniers », auxquels la foi verte tient lieu de connaissance des dossiers…)

Ce sont donc ici trente chercheurs du monde entier qui nous parlent, entre autres, de l’évolution de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et des besoins de la planète en la matière. Entre leurs analyses et les prophéties des intégristes verts, il y a un monde ; le problème, c’est que c’est le nôtre !

Pour nos savants, l’écologie bien comprise ne saurait être un caprice intellectuel de pays riches et bien nourris ; elle doit prendre en compte aussi toute une partie de l’humanité – l’essentiel – pour qui la « nature », divinisée par nos naturistes professionnels, est aussi synonyme de cataclysmes, d’épidémies et de famines.

D’ores et déjà, un milliard d’êtres humains vivent, ou plutôt survivent, avec la faim au ventre. D’ici cinquante ans, la population mondiale va passer de 6 à 9 milliards d’individus. Dans ces conditions, la principale question écologique qui se pose à nous (à moins que la nature ne soit plus importante que l’homme !), c’est : comment augmenter la production agricole pour nourrir tout ce monde ?

Certainement pas en s’interdisant de bouger au nom du sacro-saint « principe de précaution », qui s’est déjà révélé générateur de catastrophes humaines. Ainsi du virage généralisé vers les biocarburants, qui a mécaniquement aggravé la crise alimentaire chez les plus défavorisés : on prive l’homme pour nourrir la machine ! Ainsi de l’interdiction du DDT, qui a eu pour principal effet, tout « naturellement », de soumettre à nouveau à la malaria de très nombreuses populations qui venaient d’en sortir !

Ainsi encore de la mobilisation fanatique contre les OGM – ces « mauvaises herbes » que fauche avec une si bonne conscience l’omni-inconscient José Bové, qui a toujours une erreur d’avance…

En vérité, comme l’explique le biologiste Pierre Joliot-Curie, ces O.G.M. que José présume coupables, et exécute même sur-le-champ (!), ne sont « ni bons ni mauvais : c’est l’utilisation qu’on en fait qui l’est ! » Traduction : à certaines doses, tout est mortel. Y compris l’écologie …

Il est d’ailleurs, entre autres, une utilisation de ce génie génétique à laquelle les Occidentaux ne sont pas près de renoncer : l’insuline – fabriquée par une bactérie dotée de fragments d’ADN humain. Eh bien, si nos amis les faucheurs de maïs transgénique allaient jusqu’au bout de leur logique, ne formeraient-ils pas aussi leurs bataillons pour aller crever les sachets d’insuline indispensables aux diabétiques ? !

La science progresse par erreurs successives, comme disait l’autre ; c’est à force de tâtonnements et de ténacité que l’humanité a su vaincre nombre de maladies jusqu’alors tueuses. « Au Panthéon, les Pasteurs, Koch et Curie ! », s’exclame Téléobs. Eh bien, je suis entièrement d’accord ! – et avec cet hebdo, Dieu sait que c’est pas tous les jours !

Mais au fait, que se passe-t-il ? Voilà-t-il pas que je me surprends à citer des journaux de gauche ? Par la magie de ce documentaire, et grâce aux témoignages de tous ces savants qui en savent tant, dirait-on pas que je me retrouve enfin – et pour la première fois en un demi-siècle – dans le camp du Bien ? Du côté des humanistes généreux, face à l’égoïsme myope des pays riches ! Avec les hommes de progrès, contre l’obscurantisme des fondamentalistes naturistes ! Bref, « de gauche » ! Mes amis vont pas me croire…

D’autant que je n’ai même pas eu, entretemps, à changer d’idées… C’est qu’il n’est pas ici question d’idées, mais de simple bon sens. Face aux faits, rien ne vaut le pragmatisme, comme dirait M. de La Palice !

D’ailleurs, la meilleure preuve que les clivages traditionnels sont ici inopérants, c’est que Télérama dit exactement le contraire de Téléobs ! (Faut-il que ce soit grave …)

Vert de rage, Télékrishna dénonce dans ce documentaire un tissu de « contre-vérités » qui « se contente de dérouler certains discours simplistes anti-écologistes ». Eh oui, il faut bien le culot monstre des télérameurs pour (dis)qualifier ainsi d’un bloc les témoignages de trente chercheurs du monde entier !

Mais trêve de polémiques ! La communauté scientifique et moi-même estimons, une fois pour toutes, qu’il convient de manier le prétendu « principe de précaution » avec la plus extrême, euh, prudence.

Bien sûr qu’il faut préserver notre environnement – à condition toutefois que nous autres, les humains, soyons encore là pour en profiter ! Et pour cela il y a d’abord, immédiatement, des millions de vies humaines à sauver. Elles le seront par développement maîtrisé des technologies, assurément ; pas par la Grande Faucheuse verte.



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