Quand, à Montagnac, on vous répond “Salam aleykoum” au lieu de “Bonjour, monsieur”, ce n’est pas une maladresse — c’est le symptôme criant d’un séparatisme islamique qui, désormais, joue à visage découvert. Analyse.
« Ici, on dit Salam aleykoum, pas Bonjour, monsieur ! » — c’est la réponse qu’a reçue un inspecteur du service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, lors d’un contrôle à Montagnac (Hérault). À cet épisode navrant et révélateur se sont ajoutés des faits de violence et des insultes anti-Français répétées. Résultat : l’Union sportive de cette commune de 5 000 habitants, située entre Sète et Béziers, a été privée de toute subvention publique.
« On est des bénévoles, des éducateurs, pas des criminels », se défend l’un des membres du club dans Midi Libre1. Mais du côté de la préfecture, le constat est tout autre. « Il y a des clubs de sport où l’on ne pratique pas que le sport, et les familles qui confient leurs enfants à ces associations doivent le savoir », déclare le préfet de l’Hérault dans une enquête du Figaro2.
Le même article relaie aussi l’inquiétude d’un éducateur : « Quand on explique à nos gamines qu’elles ne peuvent pas jouer avec un voile et que, le week-end suivant, dans le département voisin, on affronte une équipe où ça ne pose aucun problème, notre argumentaire devient difficile à tenir. » Un témoignage qui souligne, au-delà du cas de Montagnac, l’urgence de clarifier la législation sur les pratiques religieuses ou le port du voile dans le sport amateur.
Parfois, il suffit d’un terrain de football, d’un match banal dans un village du sud de la France, pour que tout ce que l’on croyait enfoui remonte à la surface. En mai 2025, le club amateur de Montagnac, dans l’Hérault, a été suspendu par la Fédération française de football. Cette décision, suivie de la suppression des subventions publiques, fait suite à une série d’incidents survenus au fil des mois : invectives violentes, insultes communautaires, refus de parler français sur le terrain.
Des faits graves
Les faits ont d’abord été rapportés par les médias locaux — Midi Libre, France Bleu Hérault, Métropolitain Montpellier. Le ton était mesuré, presque embarrassé. Les articles mentionnaient des « tensions croissantes », des « propos déplacés », des « incidents répétés » sans toujours nommer ce qui, en creux, apparaissait clairement : le rejet de la règle commune, et avec elle, celui du pays lui-même. Le souci d’apaisement était palpable, mais la gêne aussi. Les journalistes semblaient marcher sur des œufs, comme s’ils redoutaient d’ouvrir un débat trop chargé pour la tranquillité locale. Pourtant, la gravité transparaissait, ligne après ligne.
Puis les médias nationaux ont repris l’affaire. CNews, dans sa ligne habituelle, y a vu une illustration de la fragmentation communautaire, et a donné la parole à des élus et à des éducateurs sportifs désemparés. Sur les réseaux sociaux, l’affaire a été reprise et commentée largement, souvent avec excès. Certains y ont vu une simple anecdote gonflée par les médias conservateurs. D’autres, un fait révélateur de tensions profondes. Des sites comme Jeanmarcmorandini .com ou Valeurs Actuelles ont relayé les propos tenus sur le terrain — « sales Français », « sales Blancs » — tandis que d’autres, à gauche, ont appelé à « contextualiser », à « comprendre les causes sociales » plutôt que de pointer les faits bruts.
Puisqu’on vous répète que le climat se réchauffe !
Cette dissonance médiatique n’est pas nouvelle, mais elle dit quelque chose : on ne sait plus très bien comment parler de ce genre d’événements. Faut-il les taire, de peur d’alimenter un climat ? Faut-il les nommer, au risque d’être taxé d’arrière-pensées idéologiques ? Une chose est certaine : ce silence embarrassé, ou ce bruit de surface, ne change rien à la réalité perçue sur le terrain. Les éducateurs locaux, les arbitres, les bénévoles, eux, n’ont pas lu ces polémiques dans la presse. Ils ont vu le mépris dans les regards, entendu les insultes, et constaté le refus explicite de s’inscrire dans un cadre commun. Ils ne parlent pas en termes idéologiques. Ils parlent d’une fatigue. D’un abandon.
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Mais au-delà de cette agitation, quelque chose d’essentiel s’est joué. Ce n’est pas une simple incivilité. Ce n’est pas seulement un débordement. C’est un signe. Le signe d’un refus, non pas ponctuel, mais structuré : celui de partager un espace commun. Ce qui est mis en cause ici, ce n’est pas la diversité. C’est la capacité à faire société dans un cadre reconnu, avec des règles partagées.
Car un terrain de football, dans un village, devrait être un lieu de lien. Un lieu où l’on apprend à obéir à une règle, à parler la même langue, à reconnaître l’arbitre, même lorsqu’il se trompe. Un lieu modeste, mais significatif, où l’on accepte de cohabiter dans un même cadre, sans l’imposer aux autres, sans le contourner. À Montagnac, c’est cela qui a été brisé.
Je vis dans ce pays depuis longtemps. J’en connais la complexité. Je ne suis pas naïf. Je sais ce qu’il en coûte de quitter son monde d’origine pour en épouser un autre. Mais je sais aussi que cela reste possible. Je connais des hommes, des femmes, venus d’ailleurs, qui ont fait ce choix. Non pas en reniant ce qu’ils étaient, mais en acceptant de devenir autre chose : des Français. Par les mots, les usages, l’histoire, le respect d’un cadre commun.
Ceux-là n’élèvent pas la voix. Ils ne réclament pas de place : ils la prennent, par leur discrétion, leur travail, leur fidélité. Ils savent que la France n’est pas un service, mais une promesse. Et que cette promesse demande un effort, un engagement, parfois un renoncement. Ils n’ont rien d’héroïque, mais ils tiennent. Et par eux, quelque chose tient encore.
À l’inverse, il y a ceux qui refusent. Non pas parce qu’ils ne peuvent pas. Mais parce qu’ils ne veulent pas. Ceux-là transforment la France en décor. Ils la traversent sans l’habiter. Ils s’en plaignent sans la connaître. Ils la rejettent tout en profitant d’elle. Et ce rejet, aujourd’hui, ne se cache plus. Il s’affirme, parfois brutalement, jusque sur un terrain de foot.
Le sport ciblé par les islamistes
Montagnac n’est pas un cas isolé. Mais il a le mérite de montrer, simplement, sans théorie ni slogan, ce qui est en jeu. Il ne s’agit pas de peur, ni d’hostilité. Il s’agit de transmission. De la langue, des règles, de ce qui permet encore à des personnes différentes de coexister sans s’affronter. Rien de glorieux, rien de grandiose. Mais sans cela, tout se délite.
Je ne crois pas que tout soit perdu. Mais je crois que le lien est fragile. Et que ce lien ne tiendra pas sans une exigence retrouvée. Pas une exigence brutale. Une exigence simple : celle de reconnaître ce pays pour ce qu’il est. Non pas parfait. Mais accueillant, à condition d’être reconnu en retour. Cela ne demande pas de tout aimer. Mais de vouloir y habiter. Réellement. Avec d’autres, dans une langue, une patience, une mémoire.
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La France n’est pas un guichet. Ce n’est pas non plus une abstraction. C’est un lieu concret, une langue, des habitudes, une mémoire. Cela n’impose pas d’oublier d’où l’on vient, ni d’aimer tout ce qu’on y trouve. Mais cela suppose de vouloir y vivre avec les autres, de faire un pas vers eux, de reconnaître les règles du jeu commun. Tant que ce désir existe, tant que ce geste simple se transmet — celui de rester, d’écouter, de parler — alors il reste quelque chose à tenir.
Et il faut bien le dire : sans politesse — au sens le plus ancien, le plus exigeant — il n’est pas de société. S’asseoir à la table commune, ce n’est pas seulement y prendre place, c’est aussi y observer un silence, apprendre les gestes, respecter les usages. Ce n’est pas exiger que l’on change la vaisselle, qu’on bouleverse les plats, qu’on réécrive le menu : c’est, d’abord, remercier. C’est dans cette mesure discrète, dans cette retenue, que réside ce qui fait encore tenir un pays debout.
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- Montagnac perd son agrément, Yanick Philipponnat, Midi Libre, 23 mai 2025 ↩︎
- «Ici, on dit “Salam aleykoum”, pas “Bonjour, monsieur”»: dans l’Hérault, le football amateur en proie au communautarisme islamiste, Guillaume Mollaret, Le Figaro, 6 juin 2025 ↩︎
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