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Encore raté, les Américains aiment toujours Trump

A mi-mandat, il est bien moins affaibli que ne l'espéraient les médias


Encore raté, les Américains aiment toujours Trump
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Malgré l’opposition frontale de la plupart des médias, Donald Trump a fait mieux que limiter les dégâts lors des élections de mi-mandat: si la Chambre des représentants penche, comme attendu, du côté démocrate, les Républicains renforcent, eux, leur majorité au Sénat. 


Donald Trump est une personnalité particulièrement clivante. Mais c’est bien son parcours, sa philosophie générale et sa conception de l’action politique qui ont fait apparaître au grand jour un clivage planétaire préexistant, qu’il n’a pas créé mais simplement catalysé. L’acharnement hystérique des médias, du show-biz, de la bienpensance sociétale urbaine, d’une partie de la finance, du clan Clinton contre Donald Trump ont été vains. Les élections de mi-mandat, du 6 novembre dernier, aux Etats-Unis ont encore décanté la scission de la société américaine entre deux conceptions du monde et de l’homme.

Ils ont pourtant tout tenté…

Si Donald Trump va devoir s’attendre à de nouvelles tracasseries de la part d’une Chambre des représentants qui, lui étant désormais défavorable, multipliera les enquêtes à son sujet et sur son administration, freinant un peu son action, le dernier mot sera, comme la Constitution américaine le prévoit, au Sénat qui, à la fin décide de tout, y compris des nominations des juges fédéraux et de la Cour suprême. Or, les Républicains tendance Trump y seront désormais plus majoritaires que prévu. Débarrassé de sa caste patricienne, le « Grand old party », étonnamment devenu populaire ou populiste, sera trumpiste. Et les Démocrates vont s’enfermer dans l’acrimonie sociétale (leur partition habituelle et seule possibilité), suivis en cela par une partie des médias.

Le sénateur du petit Vermont Bernie Sanders, à peine réélu, a déjà donné le « la » : une charge violente contre le président, ce « menteur pathologique » aux « politiques racistes ». Rien sur le fond et les sujets majeurs de l’économie, de la fiscalité, de l’emploi, de l’immigration. Or les médias (principalement le New York Times et CNN) ont perdu leurs paris électoraux et politiques douteux et n’ont pas gagné celui des « midterms ». Leur mauvaise foi a été constante et sidérante : ils ont inventé des faux scandales, rêvé de destitution, raillé toute la famille présidentielle et s’en sont même pris au jeune fils timide, Barron Trump, 12 ans. L’évolution phraséologique des Démocrates va probablement se gauchiser et se communautariser. Comme en France. On ne parlera plus des Etats-Unis, de l’intérêt national, de l’emploi, de la paix mais des femmes, des noirs ou des latinos, de l’écologie, des gays et lesbiennes. Ces Démocrates-là discréditeront leur parti et leur stratégie de gêne maximum au président à la Chambre des représentants pourrait contribuer à la réélection de Donald Trump en 2020.

Vulgaire mais efficace

Mais voilà, ce président hors norme, sans doute vulgaire et imprévisible, habitué des spectacles de télé, des matchs de catch et des explications houleuses avec les corps de métier sur ses chantiers immobiliers, capable d’auto dérision et d’aveux sur sa jeunesse scabreuse, ce macho assumé, à l’ancienne, a tout réussi… Sur le plan politique : se faire élire, placer ses gens dans tous les postes importants et à la Cour suprême. Et, dans la nuit de mardi à mercredi, il a limité les dégâts aux élections de mi-mandat que la plupart des sondeurs prédisaient ravageuses pour lui. Sur le plan du commerce international, il a mis fin aux accords transpacifiques, mis au pas l’Europe, la Corée du Sud, a renégocié le Tafta en tordant les bras du Mexique puis du Canada, et s’est fait procureur contre le multilatéralisme défendu par Emmanuel Macron et Jean-Claude Junker. Car, pour Donald Trump, le multilatéralisme oblige les nations à faire ce que leurs peuples ne veulent pas… Bientôt, inexorablement, la Chine sera contrainte de renégocier ses politiques : monétaire, sur-exportatrice, de propriété intellectuelle. Il est imaginable qu’elle devra aussi revoir son attitude sur les droits de l’homme (des millions de prisonniers politiques) et réduire son arrogante expansion géostratégique et militaire.

En politique étrangère, Donald Trump a réalisé un étonnant déblocage historique en Corée du Nord, pays jusque-là tenu par la Chine dans une situation de menace larvée pesant sur l’Asie. Il a mis l’Iran dans une situation économique, et donc politique, fragile car il ne veut pas que le régime islamiste des mollahs dispose de la bombe atomique. Il a aussi mis en application une très vieille décision du Congrès de 1995 : transférer l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem, tout en laissant entendre que si les Palestiniens devenaient une entité politique pacifique ils pourraient implanter leur capitale à Jérusalem Est… Il a également relancé l’industrie américaine en abaissant les impôts, instaurant des droits de douanes sur les importations déloyales (de Corée, de Chine et, un temps, d’Europe), ce qui a encouragé la relocalisation des productions. Il a lancé d’énormes commandes militaires ou des grands chantiers. Il a traqué le travail au noir des clandestins et l’immigration économique sauvage, au point que le taux de chômage est descendu très bas (3,9 %). Certes il a déchiré l’accord de Paris sur le climat ; et l’état de santé des citoyens américains, notamment celui des plus pauvres, n’est pas bon.

Donald Trump, révélateur des maux de la planète

Quoi qu’il en soit, après son succès relatif aux élections de mi-mandat, il convient à présent de se demander ce que va faire Donald Trump pendant les deux ans qui vont suivre. C’est très facile : Donald Trump écrit et dit ce qu’il fera, puis il le fait. Il sera d’autant plus encouragé à le faire que ses conceptions politiques et économiques trouvent des échos partout dans le monde : en Russie, au Brésil, en Europe (Royaume Uni, Italie, Pologne…) et même en Afrique. Ces conceptions se résument en quelques maîtres mots : l’intérêt national avant tout ; l’action énergique sur le réel ; la négociation carotte-bâton sur tout. En somme, du gros bon sens musclé.

En ce qui concerne l’économie, les résultats des Etats-Unis ne seront confirmés que si l’industrie est capable de compenser la chute des importations depuis la Chine. Et si le déficit budgétaire est corrélativement diminué par l’augmentation du PIB dû à cette relance, à la fois par l’offre et par la demande. L’enjeu est non seulement interne mais international car la politique offensive de l’administration Trump contre la mondialisation et l’OMC est si brutale que cette dernière peut disparaître en tant que telle. Par-delà, c’est toute une conception des relations internationales, dite multilatéraliste, qui est soudain remise en cause. Avec des effets collatéraux attendus sur la politique intérieure chinoise et sur les fondations fissurées du système bruxellois.

Une autre question majeure devient désormais centrale : la question démographique et donc migratoire. Quand Donald Trump est né, la planète comptait deux milliards d’habitants ; elle en supporte dorénavant plus de sept. Les vagues migratoires incontrôlées, les atteintes à l’environnement en sont les conséquences directes, ainsi que des guerres et des tensions interethniques et religieuses dramatiques.

Enfin, sur les plans géostratégique et militaire, Donald Trump veut en finir avec la guerre froide et donc avec l’outil coûteux qui avait été édifié pour y faire face dans le contexte des années 50 : l’OTAN. Il voudra probablement faire un nouveau Yalta avec Poutine, pacifier la question ukrainienne (il a, par sa femme et son fils, un tropisme slave), transférer le coût de fonctionnement de l’OTAN à ses alliés européens et, avec la récupération de ce budget improductif, redonner une avance technologique à l’armée américaine, ce qui relancera au passage son industrie militaire.

Avec ses excès et ses foucades, Donald Trump est un révélateur des maux de la planète. Et il y apporte ses solutions : la liberté des nations. Ces solutions marchent aux Etats-Unis. Et cela va contraindre nos falots politiciens à s’adapter au monde nouveau qui vient. Ou à remballer leur camelote idéologique, et partir.



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