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S’il n’y avait pas eu la Révolution Douce des années 2000…


S’il n’y avait pas eu la Révolution Douce des années 2000…
Emmanuel Macron et Donald Trump étaient de bonne humeur lors de leur rencontre à New-York, 18 septembre 2017. SIPA. AP22105632_000033

Non, allons, tu vois tout en noir. Tout ne va pas si mal, tout de même. Regarde, nous sommes dans une société qui n’est pas parfaite, mais qui aurait imaginé que nous puissions vivre dans un monde aussi heureux ? La paix règne partout, on a réduit significativement le réchauffement climatique grâce à une politique écologique mondiale, on a assuré une juste redistribution des richesses à ceux qui les produisent, plus personne n’a faim sur la planète, tout le monde a accès à l’eau potable, on travaille de moins en moins grâce à la technologie qui nous laisse de plus en plus de temps libre. Tu sais qu’en ce moment le gouvernement est en train de discuter avec les syndicats des modalités pour la retraite à cinquante ans et la semaine de trois jours ? On va réaliser, enfin, les prédictions de Lafargue dans son Droit à la paresse ? On aura mis le temps, depuis 1880, tu me diras.

Ecoute, tu te rends compte que tu as de la chance, que l’histoire aurait pu tourner autrement ? Tiens, tu me donnes l’idée d’un roman d’anticipation. Que se serait-il passé s’il n’y avait pas eu la Révolution Douce au début des années 2000 ?

Si ça se trouve, le capitalisme régnerait encore partout. Si, si, je t’assure. On commencerait à voir des morceaux entiers de banquise se faire la malle, des ouragans d’une force jamais vue s’enchaîneraient les uns après les autres et dévasteraient des territoires entiers.

Ça en prenait le chemin…

Les grandes puissances, pour contrôler les dernières réserves d’énergies fossiles, feraient des guerres interminables au Proche et au Moyen-Orient en bombardant à tout va au point que l’instabilité serait telle dans les Etats détruits que des fanatiques religieux déclareraient la guerre sainte à l’Occident et que les attentats terroristes deviendraient banals à Londres, Paris ou Barcelone. On décréterait un peu partout l’état d’urgence, il y aurait des militaires dans les rues qui se feraient régulièrement attaquer et même, cet état d’urgence, on s’en servirait aussi pour criminaliser les mouvements sociaux et faire des procès à des syndicalistes ou à de jeunes activistes pris dans des manifs qui auraient viré à l’émeute.

Tu trouves que j’exagère ? Attends, tu n’as rien vu. On pourrait très bien se dire que l’Europe, au lieu d’être une fédération sociale et écologique serait en fait un espace de concurrence acharnée, gouverné par une Banque Centrale qui forcerait les pays membres à appliquer une politique économique libérale où on appellerait déficit les services comme la santé, la protection sociale, l’éducation que les Etats donneraient aux gens. On leur expliquerait, à ces citoyens au droit de vote inutile, qu’il faut travailler plus pour moins d’argent pendant que la finance ferait des profits colossaux entre deux crises financières dues à la spéculation. Crises réglées par ces mêmes citoyens, évidemment. Tu sais, quand on regarde les dernières années avant la Révolution Douce, ça en prenait le chemin…

Un monde pareil? Pas possible!

A la fin, cela aurait tellement fait monter l’extrême droite un peu partout, que des chefs d’Etat, soi-disant jeunes et modernes, seraient le seul choix qui resterait. Ils nous expliqueraient qu’ils ne sont ni de droite ni de gauche mais en fait ils seraient complètement à droite, sauf sur quelques « sujets de société » pour donner le change. Ils réussiraient même à trafiquer le vocabulaire en faisant croire que ce serait eux les « progressistes » et que ceux qui se défendraient seraient les « conservateurs ». Ils oseraient peut-être même jusqu’à traiter de feignasses ceux qui émettraient quelques réserves à l’idée de faire des semaines de 50 heures sur des scoutères pour livrer des pizzas avec un demi-smic à la fin.

Allez, tiens, je vais jusqu’au bout du cauchemar. Je suis certain que dans un monde comme ça, les USA finiraient par élire un milliardaire abruti et raciste qui ne trouverait pas grand chose à redire à des manifs néo-nazies.

Quoi ? Bon, ok, tu as raison, je pousse trop loin le bouchon. Mais quand même, toi aussi tu exagères, à voir tout en noir.

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