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Violences contre Julia: on ne « stigmatise » pas les agresseurs clandestins

La défense des LGBT se heurte à la bonne conscience progressiste


Violences contre Julia: on ne « stigmatise » pas les agresseurs clandestins
Julia, le transsexuel agressé à Paris, discute avec un homme portant le drapeau algérien lors d'un rassemblement de soutien à la cause LGBT, place de la République, avril 2019. ©CELINE BREGAND/SIPA / 00902950_000025

L’agresseur de Julia, un transsexuel pris à partie en marge d’une manifestation anti-Bouteflika à Paris, était jugé hier dans la capitale. Mais plutôt qu’une peine de prison, des défenseurs de la cause LGBT réclamaient qu’on lui donne une bonne leçon. Après tout, ce clandestin algérien de 23 ans n’avaient pas les « codes » pour comprendre la problématique de son acte.


Hier après-midi au Tribunal correctionnel de Paris, Julia faisait face à l’un des hommes qui l’avait agressée.

Alors qu’elle tentait de rejoindre le métro « République » le 31 mars dernier, elle avait été prise à partie. Un transsexuel agressé en 2019 en plein Paris, à quelques encablures du quartier très « gay-friendly » du Marais ? Diantre, est-ce seulement possible ?

La « plus grande fermeté » de Marlène Schiappa

Très choquée, la jeune femme expliquait dès le lendemain tous les détails de sa mésaventure à de nombreux médias compatissants. Au micro de RTL, elle déclarait :  « J’allais pour prendre le métro et trois individus m’ont bloqué la route ». De nombreux badauds étaient sur la place pour manifester en faveur du départ du dictateur algérien Bouteflika. Mais rapidement, certains d’entre eux ont aussi voulu le départ de Julia. Elle manqua de peu le lynchage public façon place Tahrir.

L’un d’eux aurait d’abord lancé : « Mais toi, t’es un homme ! » Un autre individu aurait carrément sorti son pénis devant elle en le secouant, alors que d’autres se seraient mis à lui jeter de la bière… Une scène brutale et honteuse, qui a partiellement été diffusée sur les réseaux sociaux et qui avait fait réagir en haut lieu. L’impayable Marlène Schiappa avait condamné l’agression « avec la plus grande fermeté », formule consacrée permettant de vite passer à autre chose.

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Julia allait vite porter plainte, avant d’être prise en charge par télés et associatifs (tels Stop Homophobie). Elle ne tarderait pas non plus à se voiler la face quant aux complètes explications que l’on pourrait donner aux violences dont elle avait été victime. Écoutons-la encore sur RTL : « On est en 2019 à Paris, cest choquant quune situation comme cela se produise. Lhumiliation est très dure à gérer. » Satanés Parisiens !

« Un pauvre jeune qui a agi par rapport à sa culture dorigine »

Aidée des images, la police identifiera rapidement un suspect, auquel Julia était donc confrontée au tribunal hier. Maître Étienne Deshoulières, avocat des parties civiles, ne cachait pas sa satisfaction de voir l’audience arriver. Bien qu’un seul prévenu y soit présenté. « Le plus important, cest que ce message passe : dès quil y aura une agression homophobe ou transphobe, il y aura un procès. » Que le message passe d’accord, mais auprès de qui ? De la société française, apparemment.

L’agresseur présumé est pourtant un Algérien sans-papiers, présent en France depuis un an et demi. Sur la vidéo, on le voit clairement toucher les cheveux de Julia, puis lui porter des coups. Il a reconnu les faits. Dans Le Figaro, une source judiciaire lui trouve des circonstances atténuantes : « Cest un pauvre jeune qui a agi par rapport à sa culture dorigine. En Algérie, lhomosexualité est pénalement répréhensible ». Nous sommes ravis de l’apprendre, mais la France et l’Algérie sont deux pays indépendants depuis maintenant plusieurs années ! La même source s’empresse de demander une peine « pédagogique »…

Tous coupables !

Faudrait-il voir un problème d’acculturation des immigrés clandestins dans cet incident piteux ? Surtout pas. Stop Homophobie préfère se cacher derrière son petit doigt et incriminer… tout le monde. L’association veut « sensibiliser la société, pas envoyer les gens en prison », fait ainsi savoir Maître Deshoulières, en pointe sur les questions de « haine » sur internet. Car comble du ridicule, les parties civiles ne demandent pas tellement une peine de justice, mais plutôt un exemple.

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Maître Deshoulières semble en revanche incriminer toute la société française, prétendument en proie à une poussée de transphobie quand il affirme : « Lobjectif est que la personne qui a commis une infraction homophobe ou transphobe comprenne les souffrances vécues par les victimes en assistant à des stages au sein dassociations LGBT. » Ben voyons. Dommage qu’on n’ait pas enseigné au prévenu, ce pauvre Algérien, nos us et coutumes locales, voilà tout !

Stigmatise-moi si tu peux

A force d’ânonner leurs discours stériles sur les « violences de genre » ou la société « patriarcale », ces associatifs mettent soigneusement sous le tapis le problème culturel de cette nouvelle délinquance. Il est sans doute plus admirable de dénoncer de prétendues violences systémiques plutôt que de prendre le risque de stigmatiser une partie de la population arabo-musulmane. Pas sûr en revanche que les actes « transphobes » pourront baisser aidés de tels défenseurs ?

Rassurons-nous toutefois, quand des faits de moins grande gravité sont imputés à des catholiques, la bonne presse ne se gêne pas pour le signaler.

L’agresseur de Julia a écopé, hier, de dix mois de prison dont quatre avec sursis.

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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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