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Rentrée littéraire


Six cent soixante-seize romans en quelques semaines sur les tables des libraires, sans compter les essais, pour cette seule rentrée littéraire 2008. Comment vous y retrouver, chers lecteurs de Causeur ? Votre serviteur vous a sélectionné quelques jeunes espoirs dont les textes sont vraiment prometteurs. Des premiers romans, pour la plupart, mais aussi trois essais qui augurent d’un renouveau de la philosophie.

1. L’Odyssée, Homère : ce roman noir traduit du grec est un chef d’œuvre. Le héros, Ulysse, un intermittent de la guerre, tente de rentrer chez lui. Poséidon, patron des océans et membre de l’UIMM, s’y oppose. Ulysse aurait blessé un de ses fils, Cyclope, un raté borgne et violent devenu vigile. De belles figures de femmes, de l’action, et même une pointe de fantastique. Mieux que Maurice G. Dantec.

2. Le rouge et le noir, Stendhal : un roman sociologique dans la lignée de Houellebecq. La frustration sociale et sexuelle d’un jeune homme, Julien Sorel, prêt à tout pour réussir sans toujours bien se contrôler. Il couche utile (femme du maire, fille de ministre) mais se méprise. On peut se demander si l’auteur n’a pas voulu faire un roman à clefs sur la jeunesse de Sarkozy.

3. Illusion perdues, Balzac : Honoré de Balzac est souverainiste et ne s’en cache pas. Il s’inscrit dans la tradition néo-réactionnaire d’un Benoît Duteurtre ou d’un François Taillandier. Dans ce gros roman en trois parties, on pourra trouver touffues la première et la troisième où il est question de l’invention d’un nouveau logiciel pour les e-books mais on admirera la deuxième, « Un grand homme de province à Paris », qui autopsie la République des lettres. Les noces incestueuses entre le monde politique, médiatique, éditorial sont décrites parfois avec un peu d’exagération : qui imaginerait des interventions directes du pouvoir pour demander des changements dans une rédaction ? Ou encore qu’il se trouverait des journalistes pour écrire des articles de complaisance ? Non, tout cela appartient au passé. Mais l’ensemble respire une vigueur certaine.

3. Les Misérables, Victor Hugo. Dans la lignée de Gérard Mordillat, une fresque impressionnante tracée par ce jeune auteur bisontin. Victor Hugo s’attaque à des sujets difficiles comme les working poors français, la cruauté des lois sur la récidive de Rachida Dati (personnage de Jean Valjean), les révoltes étudiantes, la prostitution, l’enfance malheureuse (Cosette), le harcèlement policier (Javert).

4. Madame Bovary, Flaubert. Un énième roman sur l’adultère, me direz-vous ! Du sous-Christine Angot, quoique cela soit difficile à imaginer. Eh bien non, cet écrivain normand ne tombe pas dans le piège du convenu. Son personnage lui sert de prétexte pour brosser un tableau impitoyable d’une petite ville bien représentative de notre société. Mal mariée à un médecin bayrouiste, Emma, le personnage principal, le trompe avec un clerc de notaire strauss-kahnien puis avec un aristocrate probablement villiériste. Une vraie descente aux enfers.

Les bonnes surprises de la rentrée, nous les trouverons également dans le domaine de l’essai. Nous avons sélectionné trois textes radicaux, altermondialistes serait-on tenté de dire, si ces trois jeunes hommes ne s’éloignaient pas de la fadeur moralisatrice d’une Naomi Klein par la rage intrépide de leurs innovations conceptuelles.

1. Le Capital, Karl Marx : ce philosophe allemand vivant en Angleterre, nous livre des analyses inédites sur le caractère fétiche de la marchandise et le pourquoi de la faiblesse persistante du pouvoir d’achat des travailleurs (voir sa théorie stimulante de la plus-value.). Indispensable pour contrer les arguments de Philippe Manière et de Jean-Marc Sylvestre. Nous espérons que de nombreux lecteurs viendront à sa rencontre au village du livre de la fête de l’Huma, malgré le caractère ardu de son ouvrage.

2. La maladie infantile du communisme, Lénine : un ouvrage indispensable pour déjouer la manipulation médiatique qui fait du gauchisme la seule opposition crédible au sarkozysme. Des analyses sévères mais justes sur Besancenot, idiot utile du néo-libéralisme. Remarquable de lucidité.

3. L’Homme, capital le plus précieux, Joseph Staline. C’est sous ce nom d’emprunt, alors qu’il était traqué par la police de Saakachvili, que ce jeune penseur géorgien de Gori a écrit ce livre définitif où il s’interroge sur la place réelle de l’individu dans la société réellement post-capitaliste qu’il appelle de ses vœux, loin des fadaises floues des forums sociaux de Porto Alegre ou d’ailleurs.
Son éditeur français n’a pas de nouvelles de lui depuis les événements récents qui ont endeuillé la région. Causeur ne manquera pas de vous informer dès qu’il aura des nouvelles de ce jeune auteur. Il serait en effet tragique qu’une telle intelligence ait disparu sous les tirs mal ajustés des milices otaniennes de Tbilissi.

Odyssée

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Octobre 2008 · N°4

Article extrait du Magazine Causeur



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