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« Il faut réduire notre présence en Afghanistan »


photo : Acteurs publics

Jean-Michel Boucheron, député PS d’Ille-et-Vilaine, est membre de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale et rapporteur du budget de la Défense.

Propos recueillis par Muriel Gremillet

Jean-Michel Boucheron, député PS d’Ille-et-Vilaine, membre de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale et rapporteur du budget de la Défense.
Il revient sur la mort d’Oussama Ben Laden et ses conséquences pour notre pays.

Quelle est votre première réaction à l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden ?
Il faut souligner ce succès formidable des services secrets américains. Il est d’autant plus significatif en ce moment, alors que le monde arabe est secoué par des révoltes démocratiques, qui sont totalement affranchies de l’idéologie d’Al Qaida et de l’influence de Ben Laden. Sa mort est une bonne nouvelle parce qu’elle signe la mise à l’arrêt du moteur idéologique de la mouvance terroriste. Evidemment, le terrorisme ne va pas disparaître du jour au lendemain, mais sa puissance symbolique n’y survivra pas. Cette cause ne sera plus reconnue par les peuples.

La fin de cette traque aura-t-elle des conséquences sur l’implication de la France et de l’Otan en Afghanistan ?
Il faut revenir aux sources de notre participation à cette intervention : les Etats-Unis avaient été agressés le 11 septembre 2001. En tant qu’alliés, conformément à l’article 5 de la Charte de l’Otan, nous devions les soutenir dans leur guerre. Le but de cette intervention était simple : traquer Al Qaida et Ben Laden, qui avaient revendiqué les attentats, dans leur sanctuaire afghan. Aujourd’hui, ce but est atteint. Il est donc nécessaire de réduire notre présence sur le terrain, et de ne laisser sur place que le contingent nécessaire pour éviter toute reprise d’incendie.

Soyez clairs : demandez-vous un retrait des forces françaises d’Afghanistan ?
Au moins un allégement rapide du dispositif et une organisation différente de notre participation. J’imagine que le gouvernement l’annoncera dans les trois mois à venir. Nous entrons en effet naturellement dans une phase de transition des dispositifs militaires sur place. Nous n’avons plus à traquer sans relâche dans toutes les vallées du pays une organisation aujourd’hui moribonde, puisqu’elle vient d’être décapitée. Puisque les buts de guerre sont modifiés, il n’est même pas nécessaire d’attendre une réunion de l’Otan pour faire évoluer les choses. En clair, nous avons besoin de moins d’hommes, et il faudra nous concentrer sur les efforts de formation de l’armée et de la police afghanes, mettre l’accent sur le renseignement et poursuivre l’effort sur le terrain en déployant des armements plus sophistiqués. Maintenant, c’est aux Afghans de prendre en main leur sécurité et c’est à eux de choisir le type d’organisation démocratique qu’ils souhaitent pour leur pays. Nous n’avons rien à leur imposer.



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est journaliste

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