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Vendée, le génocide est là !


Vendée, le génocide est là !

Vendée Jean-Clément Martin génocide

Jusqu’en 1983, personne ne s’était posé la question de la nature de la répression en Vendée militaire en 1793 et 1794. Tout le monde était d’accord pour réduire les événements à une simple guerre civile. Certes, certains reconnaissaient des dérapages mais les justifiaient par la réciprocité. En réalité, contrairement à ce qu’affirme Jean-Clément Martin, il y a bien eu en Vendée une volonté d’exterminer la population et d’anéantir ses biens de la part du Comité de salut public et notamment de Robespierre, Barère, Carnot et Billaud Varenne. La Convention n’a été qu’une chambre d’enregistrement ce qui s’est traduit par le vote de trois lois et la mise en œuvre d’un système dont l’objectif était, pour reprendre les mots de Barère, « d’anéantir cette race impure ». Le mot brigand, contrairement à ce qu’affirme Jean-Clément Martin, n’est qu’un terme générique et concerne bien tous les habitants de la Vendée militaire et non pas les seules personnes prises les armes à la main.

Comment pourrait-on alors expliquer les massacres des embryons, des bébés, des enfants comme aux Lucs sur Boulogne : 110 ont moins de 8 ans ? Tous les carottages réalisés démontrent que ce sont principalement les femmes et les enfants qui sont massacrés. Le général Turreau est très précis à ce sujet dans la lettre qu’il envoie au Comité de salut public le 24 janvier 1794 : « Si mes intentions sont bien secondées, il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants… ». À cette lettre, Carnot salue la pureté des intentions du général tout comme le 23 juillet 1794, il n’hésite pas à écrire à des députés : « Les femmes, les enfants et les vieillards, les individus entrainés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort (l’extermination) que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on pourrait prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle… ».

Tous ces textes sont maintenant connus. Je les ai reproduits dans mon livre : Vendée : du génocide au mémoricide publié au Cerf. La thèse de Jean-Clément Martin est indéfendable. Quant au reste, que peut-on lui répondre, j’ai tout publié dans un livre intitulé : La désinformation autour des guerres de Vendée et du génocide des Vendéens (Atelier Fol’fer). Je serais, pour lui, porteur d’une vérité officielle ! Laquelle et où ? Il me semble que j’ai du démissionner de l’enseignement et jamais en France je n’ai pu parler au sein d’une université publique sur ce sujet ni écrire quoi que ce soit dans les revues scientifiques gérées par les détenteurs de la Vérité officielle.

Le bon mot pour définir le « crime contre l’humanité » (sic Gracchus Babeuf) commis par les Conventionnels à l’encontre des Vendéens était le mot créé pour la circonstance par Babeuf : « populicide ». Il aurait du l’être pour dénoncer les autres génocides pour des raisons étymologiques. Malheureusement, notamment parce que les auteurs de ce crime ont voulu gommer leur crime, ce mot n’est pas passé à la postérité. J’en veux pour preuve de n’avoir découvert, après des recherches acharnées, l’œuvre de Babeuf qu’en 1987. Ce mémoricide a été doublement dommageable : au niveau des Vendéens, bien sur, pour des raisons évidentes, mais aussi pour le reste de l’humanité. Si les politiques et juristes avaient traité objectivement la nature de ce crime, ils auraient mis en avant ce mot et l’aurait défini tout comme les alliés l’ont fait en 1945 grâce au mot créé par Rafaël Lenkim : génocide. C’est le mot qui fait l’acte et non l’inverse. C’est cette absence de mot qui explique l’impossibilité pour le consul Davis de dénoncer le génocide perpétré par les Turcs vis-à-vis des Arméniens. C’est aussi cette absence de mot qui explique non pas le silence mais la maladresse apparente de Churchill, de de Gaulle, de Pie XII… pour dénoncer les crimes des Nazis. Dès lors retenons le mot de génocide et analysons le. En fait, il y a trois crimes de génocide : la conception ou/et la réalisation ou /et la complicité tant dans la conception que la réalisation de l’extermination partielle ou totale d’un groupe humain de type ethnique ou racial ou religieux ou politique. Les Vendéens constituent bien un groupe humain de type religieux et politique. Quant à la volonté d’extermination et sa mise en œuvre, les faits et les bilans sont là. Reste le problème de la manipulation de la mémoire ; là encore il n’existait pas de mot d’où la nécessité d’en créer un. C’est ce que j’ai fait avec le mot mémoricide qui est un quatrième crime contre l’humanité, le crime contre la mémoire.

*Image : wiki commons.



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est historien, spécialiste de la Vendée, écrivain et scénariste français. Dernier ouvrage paru : Vendée : du génocide au mémoricide (Cerf)

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