Du mensonge en politique : vaste programme…


En sortant son vademecum le 7 mars 2014, Thomas Guénolé ne pouvait pas mieux tomber… De mensonge, il est souvent question ces temps-ci et si l’on en croit son introduction traitant de la «place du marché électoral »,  les échéances à venir ne risquent pas d’arranger les choses.

Thomas Guénolé, docteur en sciences politiques et maître de conférences à Sciences Po nous propose un amphi sur le mensonge politique avec force exemples et quelques travaux dirigés à l’appui. Mais ce petit ouvrage, qui n’occupe guère plus d’une heure, laisse le lecteur sur sa faim.

Que les hommes politiques mentent et bonimentent n’est un secret pour personne. La tradition mythomane de notre classe dirigeante ne date pas d’hier. Et contrairement à l’usage chez certains pays voisins ou amis, elle est somme toute assez bien tolérée chez nous. Mais quel dommage, à l’instar de celle des hommes politiques qu’il examine, la promesse de ce petit opus est un peu surévaluée. On peut y voir l’expression d’un marketing et d’un timing finement maîtrisé…

On aurait aimé y faire des découvertes, y trouver des originalités, des scoops qui auraient échappé à la vigilance de la presse peut-être ? Mais au même titre que nous attendons trop  –trop de moralité, trop de courage, trop d’abnégation, trop de compétences- de nos hommes politiques qui ne sont finalement que des hommes comme les autres, n’espérons-nous pas trop de nos politologues ?

En décortiquant les diverses techniques de mensonge qui s’offrent à nos édiles, Thomas Guénolé n’invente pas l’eau tiède. Il rappelle les escroqueries dont on se souvient parfaitement, même s’il apparait parfois dans les urnes qu’en réalité, on les a un peu oubliées –un mensonge chasse l’autre.

De la rhétorique pure à l’emballage marketing, en passant par le reality-show psychologique –oui j’ai menti et je le regrette tellement, mais chacun n’a-t-il pas sa part d’ombre ?-, de la provocation à la désignation de boucs émissaires qui flatte les croyances des gogos, de la torsion de statistique à la généralisation, avec un petit détour par la langue de bois rebaptisée « pipotron », il analyse les grosses ficelles.  Mais ces ficelles-là,  justement parce qu’elles sont grosses, n’avaient probablement échappé à personne. Les TD ou exercices d’entrainement pour détecter le mensonge et nous en protéger sont également un peu sommaires. On attendait quelque-chose de plus élaboré.

Et de nous interroger en refermant l’ouvrage : nous a-t-il bien tout dit ? Alors certes, l’électeur –comme les lecteurs-  en demande toujours trop. D’accord, mais pourquoi ? A mon avis, on nous cache quelque chose !

 

Petit guide du mensonge en politique –Thomas Guénolé –First Document – 2014.

 

 



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