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Richard Labévière, dernière « victime » du lobby sioniste


Richard Labévière, dernière « victime » du lobby sioniste

L’été 2008 aura été propice à l’émergence d’une nouvelle espèce de victime autoproclamée : le journaliste viré pour avoir poussé le bouchon un peu plus loin que la ligne rouge dans son zèle à dénoncer les turpitudes du complot américano-sioniste, et de ses auxiliaires sarkozystes. Alors que les clameurs des amis de Siné s’étouffent peu à peu dans la torpeur d’août, le vacarme des islamo-gauchistes hexagonaux, notamment relayé par As-Safir, quotidien proche du Hezbollah, et par le très officiel Damas Post, reprend de plus belle à propos du licenciement, le 11 août dernier de Richard Labévière, journaliste à RFI.

La nouvelle direction de la holding France Monde, qui exerce depuis peu sa tutelle sur Radio France Internationale est accusée de chasse aux sorcières, et même de « nettoyage ethnique » (!) pour avoir expulsé de ses rangs, sans ménagements, un « spécialiste reconnu des questions du Proche-Orient ».

En fait, l’occasion de se débarrasser de ce personnage a été fournie sur un plateau à Antoine Schwarz, PDG de RFI, qui a reçu pour ce licenciement l’aval d’Alain de Pouzilhac et de Christine Ockrent, patrons de France Monde.

Le 8 juillet 2008, Richard Labévière, qui produit chaque semaine l’émission « Géopolitiques », annonce à sa rédaction en chef qu’il vient d’obtenir une interview exclusive du président syrien Bachar el Assad, lequel doit participer quelques jours plus tard au sommet de l’Union pour la Méditerranée à Paris. Joli coup ! Voilà, pensera-t-on, un journaliste qui n’a pas les deux pieds dans le même sabot et qui se démène pour ramener du gros à ses employeurs… Sauf qu’en l’occurrence, c’est le dictateur syrien qui a fait son marché et exigé que seul Labévière recueille ses présidentielles paroles pour RFI et TV5 Monde, la chaîne de télévision francophone internationale. La rédaction en chef de RFI ne l’entend pas de cette oreille et refuse à Labévière de lui adjoindre un technicien maison pour l’enregistrement : si entretien avec Assad il doit y avoir, ce n’est pas à lui de choisir son interlocuteur. Labévière passe outre, et s’envole pour Damas où il est reçu comme un prince. L’entretien sera diffusé le 11 juillet sur TV5 Monde, et le lendemain dans « Géopolitiques » sur RFI. L’insubordination, flagrante, aboutira, le 11 août au licenciement immédiat du journaliste pour faute grave.

Pour Labévière et ses amis, il s’agit d’un licenciement politique révélateur de la ligne atlantiste, néo-conservatrice imprimée à l’audiovisuel extérieur français depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy : « Cette histoire estivale s’inscrit dans l’orwellisation en cours de la presse française, la remise en cause du pluralisme journalistique et de la liberté d’expression au pays des Lumières. Avec, pour horizon, la volonté d’imposer une lecture unique, néo-conservatrice, de la politique, des crises et des relations internationales », écrit-il pour peaufiner, non sans grandiloquence, son image de martyr.

Cette interprétation n’est pas celle de la Société des journalistes de RFI, pourtant peu encline à soutenir sa direction. En juillet, celle-ci s’était étonnée « des conditions d’obtention et de réalisation de l’entretien avec Bachar el Assad ». Ceux qui écoutent régulièrement cette radio auront du mal à croire que sa rédaction soit un ensemble de marionnettes manipulées par des agents sionistes !

Si l’expulsion de Labévière de RFI est « politique » – ce qui reste à démontrer – elle ne l’est pas moins, en tout cas, que son entrée, par la grande porte, dans cette maison en 2000.

Pendant de longues années, en effet, Richard Labévière a officié, comme journaliste, dans les couloirs des Nations Unies à Genève. Ceux qui l’ont croisé dans les années 1980 et 1990 subodoraient qu’il ne limitait pas ses activités à écrire des papiers pour le quotidien La Suisse ou la Radio Suisse Romande, ses employeurs habituels. Il fréquentait assidûment le monde et le demi-monde des délégations arabes présentes à Genève, ce qui aboutira un livre paru en 1999 chez Grasset sous le titre Les Dollars de la terreur. Labévière y défend la thèse d’un financement du terrorisme islamique par des circuits bien connus des services américains.



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