Press leaks made in Germany


Press leaks made in Germany

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Après Julian Assange, Edward Snowden pour les « leaks » politiques mondiaux, le Swissleaks de Hervé Falciani sur HSBC, nous avons aujourd’hui un énorme « pressleaks » en Allemagne, en la personne du Dr. Udo Ulfkotte, 53 ans, qui a collaboré pendant dix-huit ans ans au plus prestigieux quotidien Allemand, la FAZ (Frankfurter Allgemeine Zeitung), jusqu’à en être le rédacteur en chef. Ulfkotte fut également Conseiller du Chancellier Kohl. En 2003, il est distingué par le prix de la Fondation Annette Barthelt.

Dans un témoignage, Gekaufte Journalisten (Journalistes achetés), il révèle les noms de ses collègues les plus célèbres en Allemagne, instrumentalisés par les services de renseignements américains et allemands. Ulfkotte estime que l’Allemagne est une « colonie américaine ». Il affirme avoir été manipulé comme les autres. Aujourd’hui, il se repent et déclare « avoir honte d’avoir fait partie de ce système de corruption ». Malgré l’omerta sur son témoignage,  le livre est un bestseller.  » Aucun journaliste est autorisé à parler de mon livre au risque de se faire virer. Nous avons donc un bestseller, sur lequel les mainstreams n’ont ni l’autorisation d’écrire, ni l’autorisation de parler. » lance-t-il à la télévision Russe, RT.

Ulfkotte estime, que le but des services secrets est de conduire les nations vers la guerre et que la corruption de journalistes d’informations majeurs en Occident est une routine pour la CIA. Parmi les « histoires » que le Dr. Ulfkotte devait écrire sur ordre, on trouvait la légende selon laquelle que le Colonel Kadhafi construisait des usines de poison. Il déclare également avoir vu de ses propres yeux l’utilisation de gaz contre les Iraniens par Saddam Hussein, durant la guerre Iran-Irak. Les responsables éditoriaux de l’époque n’étaient pas intéressés par ce scio, parce que l’Irak était alliée des USA. L’ancien journaliste estime être mieux placé que quiconque pour dénoncer ce système, n’étant pas marié, n’ayant pas d’enfants qui pourraient être mis en danger par ses révélations. « Lorsque j’ai confié à mon journal, la FAZ, que j’allais publier mon livre, leurs avocats me menacèrent, en me disant je devrai en tirer toutes les conséquences, surtout si je publiais des noms ou des secrets, mais je m’en fiche. Vous voyez, je n’ai pas d’enfants à me soucier. Vous devez aussi savoir que j’ai été gravement blessé durant les attaques au gaz dont j’ai été témoin en Iran en 1988. Je suis le seul journaliste allemand qui a survécu à ces attaques au gaz. J’en souffre toujours. J’ai été victime de trois attaques cardiaques. Je ne pense pas vivre plus de quelques années. » Il regrette d’avoir « menti » aux lecteurs toutes ces années.

Et Ulfkotte d’enchérir :« J’ai publié des articles sous ma signature rédigés par les agents de la CIA et autres services secrets, en particulier les services allemands. » Ulfkotte décrit les cajoleries et la corruption dont il a fait l’objet par la CIA et autres services de renseignements alliés, dans le but de faire avancer leurs agendas politiques. Ulfkotte raconte que des organisations proches du gouvernement offrent des voyages tous frais compris aux journalistes. En contrepartie, il est exigé d’eux, d’écrire favorablement sur leurs « sponsors ». Il revient sur le gazage des Iraniens dont il a été témoin dans les années 80 et précise: « Ils m’ont demandé que je remette les photos que j’ai prises à l’association allemande des compagnies chimiques à Francfort – Verband der Chemischen Industrie -. Ce poison qui a tué tant d’Iraniens était made in Germany. »

Dans son livre La CIA et les médias, le reporter du Watergate, Carl Bernstein cite le témoignage de William B. Bader, ancien officier de la CIA, devant le Comité d’investigation du Sénat: « D’étonnantes relations sont en vigueur. Vous n’avez pas besoin de manipuler Time Magazine par exemple, car au niveau de la direction sont déjà installés des agents de la CIA. » Voici ce que Bernstein écrit: « La relation de l’agence avec le Time était la plus viable parmi les journaux, selon les officiels de la CIA. De 1950 à 1966, ce sont environ dix employés de la CIA qui fournirent au Time des couvertures approuvées par l’éditeur Arthur Hays Sulzberger. Les arrangements sur les couvertures faisaient partie de la politique générale du Time, mise en place par Sulzberger, qui consistait à porter assistance à la CIA dès que c’était possible. » Plusieurs décennies après Bernstein, l’Allemand Ulfkotte apporte à son tour son lot de révélations.

Ulfkotte a dernièrement soutenu Pegida. Pas étonnant que les « marcheurs » de Pegida, dans toute l’Allemagne, scandent sans cesse : « Lügenpresse ! » Presse menteuse… Son courageux éditeur, Kopp, déclare qu’aucune personnalité n’a encore porté plainte contre lui. Mais Ulfkotte précise : « Je souhaite qu’ils portent plainte car, tout sera alors déballé devant la justice et porté à la connaissance du public »

Combien de journalistes, chez nous, en France, font l’objet de cette corruption ? Libération publiait récemment un article sur les « leakers », estimant qu’ils devaient être protégés pour révéler au grand public les coulisses obscures de la politique ou de la finance. Écriraient-ils la même chose, si l’un des leurs révélait leurs turpitudes ? Et bien le voici, c’est le Dr. Udo Ulfkotte ! On pariera que si le livre paraît en France, Libération le passera sous un épais silence.

*Photo : wikicommons.



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