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Mort de Jérémie Cohen: il est légitime de connaître les propositions des candidats contre l’ensauvagement

Et non, ce n’est pas de la récupération politique


Mort de Jérémie Cohen: il est légitime de connaître les propositions des candidats contre l’ensauvagement
Le procureur de Bobigny Eric Mathais s'adresse à la presse sur l'affaire, et appelle les personnes ayant des informations à entrer en contact avec la police, 4 mars 2022 © THOMAS SAMSON / AFP

La France s’émeut de la mort de Jérémie Cohen, survenue le 16 février. Le jeune homme de 31 ans a été renversé par un tramway, à Bobigny, en essayant d’échapper à ses agresseurs. Il n’est pas établi si son agression est de nature discriminatoire ou non.


Il faudra peut-être pointer du doigt les défaillances probables dans l’enquête policière, puisqu’il y aura donc une enquête sur l’enquête. C’est la famille qui a recueilli la vidéo et des témoignages écrits. L’omerta n’était donc pas complète, certains habitants du quartier ont témoigné, contrairement à ce qui a pu être dit, et cette famille a eu du mal à obtenir l’exploitation de la vidéosurveillance. 

Quant à la justice, l’instruction a été ouverte le 29 mars, après deux enquêtes préliminaires – aux investigations moins poussées. Les policiers, et donc la justice, avaient pourtant reçu la vidéo (celle qui a été diffusée et partagée massivement sur les réseaux sociaux depuis lundi) le 10 mars. Pourquoi l’instruction n’a-t-elle été ouverte que le 29 ? A-t-on voulu un temps étouffer l’affaire ? A-t-on ouvert en catastrophe une instruction judiciaire le 29, parce que l’on a découvert que la famille de la victime allait faire du bruit autour de l’affaire ?

Un fait divers ?

Hier, un communicant proche d’EELV disait que parler d’un fait divers à quatre jours d’une élection, ce n’est pas neutre. Mais, est-ce vraiment un fait divers, c’est-à-dire un événement isolé et sans signification particulière ?

Si on en croit certains commentateurs, la qualification de cet évènement en fait divers dépendrait du caractère antisémite ou non de l’agression. Or, selon le procureur, rien n’indique que Jérémie Cohen portait sa kippa. Son handicap non plus n’était pas visible, selon la famille. Il n’en demeure pas moins que cela reste l’agression par une bande d’un jeune homme qui était tout seul. Et malheureusement, ce type d’agressions n’est pas un cas isolé, il est fréquent, et dans l’écrasante majorité des cas, les agresseurs sont issus de la « diversité » (souvent, les victimes aussi). Ce sont des petits caïds des quartiers qui font régner la terreur, à une condition toutefois, c’est qu’ils soient en surnombre. Ils agressent des gens qu’ils ne considèrent pas comme leurs concitoyens.

Alors oui, il y a un lien avec une immigration non contrôlée et non intégrée, ce qui en fait non pas un fait divers mais un phénomène de société ou un fait politique.

Ce n’est pas parce qu’on vote dimanche qu’on ne doit pas en parler

Faut-il alors ne pas en parler, de risque de se livrer à une coupable « récupération politique » ? Puisqu’il y a des élections, congédions le réel parce que ça risque d’influencer le vote ? Voilà une question extraordinaire ! À ce compte-là, on n’aurait pas dû parler non plus de la guerre en Ukraine, à cause de l’effet drapeau bénéfique à Emmanuel Macron.

Encore heureux que le réel influe sur notre vote. S’il y a récupération, enfin, alors elle est générale. Avant même que le procureur ne s’exprime sur les soupçons d’antisémitisme au cœur de l’enquête, tous les candidats ou presque avaient déjà déclaré être contre l’antisémitisme. Ouf !

La vraie manipulation est ailleurs

La manipulation serait de ne pas en parler. On tait certains faits parce qu’ils nous gênent. De plus, le calvaire que vivent les habitants de certains quartiers, l’incapacité de la police à les protéger des racailles et de la justice à punir aurait dû être un enjeu du débat électoral.

Considérer que la sécurité est un thème électoraliste est un aveu : peu importe que ça existe, puisque ça va contre notre idéologie ! Eh bien, nous aimerions bien connaître les propositions des 12 candidats contre cet « ensauvagement ».

Il n’y a pas eu d’omerta, toute la presse en a finalement parlé. Il faut non seulement témoigner notre compassion à Jérémie Cohen et à sa famille, mais aussi peut-être les remercier d’avoir mis sur le tapis un phénomène qui inquiète à juste titre une écrasante majorité des électeurs.


Cette chronique a initialement été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy, la directrice de Causeur, chaque matin à 8h10 dans la matinale.



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