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Lost in seventies


Vous avez parfois un pincement au cœur quand vous voyez passer une R16 dans la rue, vous regardez, la nuit, en secret, des films sur le câble avec Véronique Jannot et Claude Brasseur où vous surprenez, le temps d’un plan trop rapide, cette Atlantide perdue : un pubis de fille non épilé. Vous feuilletez mélancoliquement, dans les caisses des bouquinistes, les livres de poche qui montrent Annie Girardot en couverture de Docteur Françoise Gaillard ou les Paris Match qui annoncent le mariage de Caroline de Monaco. Plus grave : le papier à grosses fleurs jaunes de cette chambre, que tout le monde trouve ignoble, vous le contemplez longuement et vous revient le goût des premiers baisers avec la langue et malabar rose incorporé. On vous aurait même vu écraser une larme discrète alors que vous fredonniez Ma Vie, d’Alain Barrière.

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul, vous n’êtes plus seul. La revue Schnock va vous sauver. Elle a beau se sous-titrer « la revue des vieux de 27 à 87 ans », Schnock s’adresse d’abord à vous, enfant naufragé des seventies tout surpris de vous retrouver dans un monde de science-fiction qui ne ressemble pas à Cosmos 1999 mais davantage à un film-catastrophe dont le réalisateur en ferait un peu trop.[access capability= »lire_inedits »]

La revue Schnockne joue pas seulement sur la nostalgie, celle si banale d’une génération devenue adulte, pour le vert paradis de ses amours enfantines. Non, Schnock cristallise plutôt ce sentiment diffus que, quelque part au cours des années 1970, disons entre les deux chocs pétroliers, le monde d’avant a disparu. Et que ceux qui sont nés après font parfois l’effet de mutants qui mangent leur sandwich debout en écoutant de la musique leur arrivant directement dans le cortex par le biais de casques ou d’écouteurs, quand il ne parlent pas seuls dans l’oreillette de leur téléphone portatif en poussant des caddies solitaires et glacés.

Pour ce premier numéro, Schnock propose, en morceau de choix, des entretiens avec Joël Séria (Les Galettes de Pont-Aven) et un de ses acteurs fétiches, le grand Jean-Pierre Marielle. En bonus, un best of de citations nous rappelant à quel point la gauloiserie, contrairement à l’obscénité, est de l’ordre d’un certain bonheur d’être au monde. Mais rien ne vous empêchera de naviguer dans le sommaire de Schnock comme dans une machine à remonter le temps et de tomber sur des fiches thématiques consacrées à Eddy Mitchell, prophète du chômage des cadres avec Il Ne Rentre Pas Ce Soir, ou encore sur le top 15 des biscuits Schnock, pour la plupart disparus comme le Thé brun ou La Paille d’orx − « favori des fillettes anorexiques de la jeunesse dorée, il n’a jamais réussi à convaincre les classes moyennes et les gros qui sont obligés d’en manger par 10 pour calmer leur appétit ». On pourra aussi s’intéresser aux confessions douloureuses du dernier concepteur des gadgets de Pif, ce Mickey rouge, ainsi qu’à un irrésistible Guide du Routard de mon appartement, par Matthias Debureaux, version hilarante du Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre.

Pour le prochain numéro de la revue, il serait question, m’a-t-on dit, de se lancer sur les traces des rédacteurs des blagues Carambar, les seules blagues qui fassent aujourd’hui encore rire les schnocks authentiques.[/access]

Cet article est issu de Causeur magazine n ° 41.

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Novembre 2011 . N°41

Article extrait du Magazine Causeur



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