Jeu vidéo et «suprémacisme»


#Gamergate. Pas sûr que le lecteur connaisse, mais Le Monde / Pixels a couvert leur récente réunion parisienne. Un article au ton préoccupé et vigilant. Son auteur s’est rendu sur place, prêt à débusquer le Mal qui rôde jusque dans nos rues. Posture involontairement comique qui ne prouve pas en soi qu’il faille bénir #GG, mais qui incline tout de même à examiner la chose avec bienveillance. Si vous avez lu le papier d’Alban Agnoux dans Causeur n° 26, #Gamergate ne vous dépaysera pas : il s’agit d’un mouvement online engagé dans un combat d’opinion pour protéger la liberté d’expression dans les jeux vidéo. Contre qui ? Principalement contre ceux que les partisans de #GG fustigent sous le nom de social justice warriors (SJW). En gros, si vous aimez Lara Croft, vous n’êtes pas un SJW. Cela fait-il de vous un antiféministe ? Il faut parfois peu de choses pour devenir suspect, de nos jours.

#Gamergate

Ah, cette jeune génération ! Elle nous laisse parfois perplexe. L’auteur de l’article du Monde n’a pas esquivé cet aspect bariolé du phénomène #GG. On peut comprendre qu’il ait par ailleurs cherché à durcir le trait, pour équilibrer le tableau et ne pas désorienter ses lecteurs. Pour se rassurer sur sa propre orthodoxie ? Je n’irais pas jusque-là. En tout cas, Vox Day, l’un des gamers à l’initiative du #GG parisien, tombait bien : pas trop jeune, plus facile à classer, surtout quand on applique la méthode du procès d’intention. Après tout, vu le nombre de détracteurs que l’homme possède déjà, pourquoi ne pas se joindre à la meute ? La menace tapie dans l’ombre de #GG, ce serait principalement lui. Lui, et son idéologie : le suprémacisme.

C’est peut-être moi, mais comme caractérisation, ça reste vague, pour ne pas dire désinvolte. Une accusation sans zèle, sans élan, sans conviction. Voyez la deuxième photo de l’article, où figure certes le prétendu suprémaciste Vox Day, mais qui inclut aussi, de manière inexplicable, le propriétaire noir de la brasserie avec sa mine réjouie : comment voulez-vous que le lecteur ne commence pas à douter ? Si en plus il décide de faire un tour sur le blog du gars… Bon, tout n’est pas perdu. D’après ce que je lis, l’accusation de suprémacisme le chagrine beaucoup, lui qui ne loupe pas une occasion de revendiquer ses ascendances amérindienne et mexicaine. Mais il a quand même l’air un peu trop content de faire l’objet d’un article du Monde. Caricaturer l’ennemi, pourquoi pas, mais il faut y mettre du cœur, sinon c’est contre-productif.



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