Affaire Baupin: l’omerta des célibattantes


Affaire Baupin: l’omerta des célibattantes
Denis Baupin et Emmanuelle Cosse. Sipa. Numéro de reportage : 00670591_000066.
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Denis Baupin et Emmanuelle Cosse. Sipa. Numéro de reportage : 00670591_000066.

Il apparaît qu’il y a eu autour du comportement pour le moins déplacé du DSK du pauvre qu’est Denis Baupin une omerta des « célibattantes » qu’il poursuivait de ses assiduités tel un traître de mélodrame. Sans que celles-ci ne se soient consultées, celles-ci ont gardé le silence y compris les plus féministes et les plus progressistes d’entre elles. Je croyais d’ailleurs que c’était l’apanage des jeunes femmes catholiques ou des anciens scouts pratiquant la bicyclette avec ardeur chaque été avec ce jeune curé si dynamique et tellement proche d’eux ma chèèère (« j’ai entendu dire qu’il leur permet de dormir avec lui quand ils ont peur la nuit »).

Ce qui se passe en ce moment après la pseudo-découverte du comportement d’invétéré queutard de l’ancien vice-président de l’Assemblée Nationale (dans le Landerneau oligarchique tout le monde était au courant), m’a rappelé le comportement souvent paradoxal dans leurs relations amoureuses d’autres jeunes femmes célibattantes que je fréquentais il y a quelques années ressemblant trait pour trait aux « victimes » de Denis Baupin travaillant qui dans le culturel, qui dans le politique.

Femmes des années 2010…

Ces filles étaient pour la plupart indéniablement intelligentes, très cultivées, fines et pleines d’esprit. Elles savaient s’adapter à tous les milieux sans perdre pour autant de leur élégance. Je me souviens particulièrement de celle qui ne perdait rien de sa classe même dans un bistrot louche du XXème arrondissement de Paris. Elles demeuraient donc invariablement séduisantes, réussissant leur carrière sans perdre leur féminité. Elles étaient également émancipées, pratiquaient une sexualité apparemment joyeuse et libre affranchie de toute culpabilité, et de tout tabou…. Bien entendu, la plupart étaient soient de gauche soient très libérales et dans leurs milieux, les changements sociétaux étaient perçus comme allant de soi sans que cela ne pose aucune question. Les remettre en cause était du dernier ringard à leurs yeux. Elles vous regardaient alors non sans dédain malgré leur sourire de commisération, avec un peu de pitié pour tant d’aveuglement ou de naïveté. Elles aimaient refaire le monde avec idéalisme.

Cela, tout comme leur militantisme affiché, leurs engagements pour le décorum, pour les droits des femmes, pour la libération sexuelle, l’avortement, c’était le rôle qu’elles jouaient pour leurs amis, pour leurs collègues de travail, leurs correspondants Facebook  pour épater la galerie donc. Ce n’était que leur « emploi » de comédie en quelque sorte. Car derrière tout cela, sans que cela ne soit forcément bien caché, il y avait l’envers du décor, la trame derrière la tapisserie.

Il suffisait la plupart du temps de discuter avec elles en tête à tête en confiance pour comprendre que ce n’était qu’une apparence. La plupart en effet rêvait du prince charmant comme dans les contes, elles redevenaient des petites filles des lumières dans les yeux lorsqu’elles en parlaient. C’était là une aspiration parfaitement incompatible avec leur désir de réussite sociale et professionnelle. Et puis la princesse finit toujours femme au foyer et ce n’est pas non plus une position certes tout à fait paradisiaque.

Realpolitik au bureau

Elles qui affirmaient vouloir des enfants le plus tard possible voire ne pas en avoir du tout fondaient toute en sensiblerie, gâtifiaient presque lorsque par hasard elles croisaient des minuscules, la progéniture d’une amie, celles de leurs connaissances. Je me souviens ainsi de celle-là qui passa bien dix bonnes minutes à câliner un petit bébé qui jouait les beaux indifférents à la caisse d’un grand magasin sous mes yeux un peu surpris. Quand des familles nombreuses passaient dans les cafés où nous allions je voyais son regard parfois se troubler un peu. Par la « magie » des progrès techniques, de temps je vais voir son « profil » de réseau dit social, je vois ses yeux gris se voilant progressivement de tristesse. Elle semble connaître enfin le prix de son indépendance.

J’apprenais souvent qu’au travail elles se laissaient faire de temps en temps par leurs chefs de service, d’un geste déplacé à un coït rapide sur le bord du bureau, acceptaient de porter des cafés et de faire des photocopies pendant les réunions, y fermant leur bouche, espérant grappiller ainsi un peu de salaire en plus. Elles n’aimaient pas ça, mais elles pratiquaient en quelque sorte une « Realpolitik ». Plus tard leurs ambitions seraient réalisés, cela nécessitait bien quelques sacrifices même les plus douloureux comme ceux suivant un « dernier tango ». Vieillissantes, elles tombaient de temps à autres sous la coupe de salopards sans filtres se comportant en gougnafiers avec elles sans qu’elles n’y trouvent à redire. Pour elles c’était inespéré croyaient-elles. Elles feignaient de croire qu’enfin elles avaient trouvé leur amoureux parfait.

Les célibattantes ayant subi les incartades baupinesques par leur rage à accuser quasiment tous les hommes de la même frénésie libidineuse ne veulent que se dédouaner de leurs compromis, de leur silence coupable. Elles veulent faire oublier leur lâcheté, leur peur, leur détestation d’elles-mêmes aussi. C’est à qui sortira son témoignage le plus fracassant, c’est à qui lancera la pétition la plus définitive. Je ne leur jette pas la pierre bien qu’étant sans doute caustique avec elles, je les aime bien, je les trouve émouvantes malgré leurs côtés pitoyables ou pathétiques. J’aurais préféré pour elles qu’elles le soient vraiment, libres…



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