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Dallas, hélas


Dallas, hélas

LARRY HAGMAN DALLAS

Larry Hagman est mort à 81 ans des suites d’un cancer. C’était JR, le méchant de Dallas. La série qui s’imposa planétairement de la fin des années 70 aux années 80, racontait les Atrides au Texas, avec ranchs et puits de pétrole à la place des palais mycéniens. Je me souviens que ça passait les samedis soirs sur la première chaîne et que finalement de vrais archétypes s’inscrivaient alors dans un imaginaire désormais mondialisé : le gentil frère, l’avocat revanchard, la femme alcoolique mondaine.
Ah Sue Ellen, qui est la première comparaison qui nous vient encore à l’esprit quand on voit, un peu pompette dans un cocktail, une quadra élégante et désespérée, ce qui est un pléonasme dans la France de 2012 où le féminisme a beaucoup œuvré pour la généralisation du célibat. Moi j’aimais bien, chez les femmes de Dallas, celle de Bobby, Victoria Principal avec sa frange et puis aussi, les jours de régressions mammaires, ce petit boudin blond de Lucy avec ses gros seins et son regard un peu bovin.

JR, c’était le salaud qu’on adorait détester. Il faisait des trucs ignobles pour garder le contrôle de l’entreprise familiale. Ce qui est amusant, c’est que cet ignoble capitaliste, aujourd’hui, apparaîtrait presque comme un humaniste. Il ne voulait pas se soumettre aux actionnaires, il ne voulait pas laisser l’entreprise paternelle aux mains des mous du genoux de sa famille, il se battait pour l’économie réelle et il avait un beau stetson, ce qui finalement était son seul point commun avec George W Bush, faux texan, pétrolier incompétent et président fils à papa.
Oui, JR, aujourd’hui, c’est le genre de gars qui intriguerait pour refuser d’appliquer le plan de compétitivité de Louis Gallois ou les directives européennes sur la concurrence. Parce que ce qui l’intéressait d’abord, JR, c’était de voir jaillir l’or noir de ses puits de pétrole et en tirer assez de pognon pour faire vivre la communauté. Je ne dis pas que JR était un champion de la redistribution mais aujourd’hui, il serait plus proche de Chavez que de Mitt Romney et question protectionnisme et redressement industriel de Montebourg ou Mélenchon que de Ron Paul ou Mario Draghi.
Vous me direz, c’est bien normal, puisque Chavez, tout le monde sait qu’il est très méchant aussi. Mais bon, comme pour beaucoup de choses, le capitalisme façon JR n’est plus qu’un souvenir du monde d’avant.

Pour vous en convaincre, pensez donc à visionner les 357 épisodes de Dallas.
Ça explique aussi bien ce qui s’est passé que Le nouvel esprit du capitalisme de Luc Boltanski et Eve Chiapello (Gallimard, 1999) où il n’y a aucune illustration représentant des filles sous la douche espionnées par un homme au sourire sardonique.

*Photo : Dallas Film Society Images.



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