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Communisme : en réponse à la myopie volontaire de Jérôme Leroy


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Je voudrais bien dire à Jérôme Leroy que je suis content que ma prose, inspirée par un anticommunisme viscéral et un libéralisme qui ne l’est pas moins, voisine avec celle d’un nostalgique de ce communisme dans lequel j’ai été plongé petit, comme tant d’enfants de juifs polonais, et dont je me suis totalement purgé depuis pas mal de temps.
L’obstination de Jérôme Leroy a quelque chose d’émouvant. Je n’avais pas connu jusqu’ici de  communiste qui se vantât de sa myopie politique.
Il nous dit qu’elle lui permet de ne pas voir trop nettement le monde dans lequel sa nièce et lui sont condamnés à vivre. Mais il devrait dire seraient, parce que nul n’est condamné à vivre dans un pays capitaliste libéral. Un citoyen des pays communistes d’avant 1989, ou un Coréen du Nord d’aujourd’hui, auraient du mal à le croire, mais quand on naît dans un pays capitaliste, on est libre d’en sortir !
Alors, quel regard porter sur la myopie volontaire ?
Autrement dit, que penser des millions de gens politiquement myopes à l’époque où le communisme et le nazisme faisaient régner leurs terreurs parallèles ?
Ayant moi-même été pendant quelques années d’un aveuglement forcené, je sais bien ce que j’en pense.
Ceux qui comme moi ne voulaient pas voir la terreur communiste avaient pour excuse un cœur gros comme ça, un cœur gonflé d’une indignation anti-capitaliste. Cette indignation nous remontait au-dessus des yeux et de l’intelligence.
Mais c’est vrai qu’on avait bonne conscience et qu’on faisait la morale à ces salauds d’aroniens défenseurs d’un monde qu’ils appelaient libre, sous prétexte qu’il l’était.
À la lumière de leur aveuglement volontaire, les communistes découvraient la paupérisation du prolétariat français pendant les trente glorieuses. Pendant la guerre de Corée, ils défendaient la Corée du Nord et  appelaient le général américain Ridgway-la peste.
Oui, j’ai cru à ça.
Mais revenons au présent.
Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Si c’est de rester fidèle dans l’extrême vieillesse à l’idéal de mes vingt ans, c’est-à-dire aux mensonges monstrueux auxquels j’ai cru dans ma prime jeunesse, je vais continuer de toutes mes forces à rater ma vie.
Et tout ça, à cause d’un détail qu’il faut bien que quelqu’un mette sous les yeux de Jérôme Leroy, en  très gros caractères : le communisme a existé ! Et nul n’a plus le droit moral d’affirmer comme le fait J. L. que le communisme c’est le monde tel qu’il devrait être.
Il en a heureusement le droit légal. Heureusement, il n’y a pas encore de loi Gayssot contre l’apologie du communisme, contre ce négationnisme-là.
Il n’est même pas interdit de porter des t-shirts représentant la Kolyma ou à l’effigie de Kim Jong-un.
Simplement, faut assumer, quoi, et dire qu’on préférerait un régime communiste flou flou flou plutôt que de voir la réalité en face.



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André Sénik, professeur agrégé de philosophie.

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