Apologie des attentats : les punir tous, mais pas n’importe comment


Mon ami Marc Cohen avait dans ces colonnes, et parmi les premiers, appelé à la mise en œuvre d’une répression à l’encontre des crétins qui se permettaient d’applaudir aux massacres de la semaine dernière ou de les justifier sur les réseaux sociaux. J’étais complètement d’accord avec lui. Y compris sur la nécessité d’être mesuré dans les sanctions en se dispensant de la prison ferme, trop souvent école du djihadisme. Mais en n’hésitant pas à frapper à la caisse parce que ça aussi, ça peut faire mal. Il n’a pas été le seul à le demander. Jusqu’à Christiane Taubira avec une circulaire particulièrement sévère en direction des parquets. Notre chère justice indépendante s’est mise immédiatement au garde-à-vous. Et ça commence à tomber comme à Gravelotte. Aux dernières nouvelles, ce sont près de 80 procédures correctionnelles qui ont été lancées et les premières condamnations sont tombées. La presse les annonce triomphalement, n’hésitant pas d’ailleurs à tronquer la réalité. Ainsi pour l’ivrogne qui, sévèrement bourré, avait provoqué un accident, pris la fuite et disposait d’un casier judiciaire copieusement garni pour des faits similaires (16 condamnations) avait trouvé utile de proférer un chapelet de conneries au moment de son arrestation. Il a pris quatre ans ferme, les médias nous affirmant que c’était pour ses propos stupides qu’il avait bénéficié de ce tarif. « Mensonge patriotique » vous dira-t-on, il faut faire peur aux imbéciles.

Le reste à l’avenant. Je ne suis pas opposé à ces rappels à l’ordre, encore ne faudrait-il pas se donner bonne conscience facilement et oublier qu’il y a certaines priorités. Par exemple de réinvestir les « quartiers », commencer à démanteler les mafias et récupérer les armes.

Petite perle trouvées dans notre chère PQR : « 6 mois ferme pour un homme qui avait « rigolé«  de l’attentat contre Charlie Hebdo ». Bigre. Le jeune homme de 28 ans souffrant depuis l’enfance d’une déficience mentale (légère ?) manifestement sous l’emprise d’un état alcoolique (bonjour le djihadiste), a fourni à l’audience de comparution immédiate quelques explications confuses auxquelles personne n’a rien compris. Maintien en détention quand même…

Il faut terroriser les terroristes, je suis bien d’accord. Mais sans se dispenser d’un peu de discernement. Le procureur qui avait requis un an ferme pour des « propos blessants », s’appelle Cabut. Ça ne s’invente pas…



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