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« J’entame un combat de libération nationale ! »


Nicolas Dupont-Aignan est maire de Yerres et député de l’Essonne. Il est président de Debout la République ! et candidat à l’élection présidentielle. Dernier livre paru
L’euro, les banquiers et la mondialisation : L’arnaque du siècle (éditions du Rocher)

Vous êtes un des derniers hommes politiques français à vous définir explicitement comme gaulliste. Mais comment définir le gaullisme en 2011 ?

NDA : Le droit des peuples à disposer d’eux mêmes. C’est tout simple. Ce n’est pas une nostalgie. C’est simplement le rappel des principes fondateurs de la démocratie, de la nation et de la République dans une France sous tutelle. Il faut rejeter la tutelle extérieure – supranationalité européenne, OMC, multinationales -, et briser les tutelles intérieures – féodalités, centrales d’achat, oligopoles bancaires, oligarques de l’énergie -, les secondes jouant en direct avec la première pour prendre le pouvoir en étau. Aujourd’hui, le pouvoir est faible et le peuple malheureux. Pour restaurer un pouvoir non pas fort mais démocratique, j’entame un combat de libération nationale et j’en appelle à un gouvernement de salut public. Dans cette perspective, je me définis comme gaulliste mais peu importe l’appellation. Ma candidature est une candidature nationale, républicaine et sociale.

Le problème, c’est que, ce faisant, vous occupez un espace politique où vous n’êtes pas seul. N’y a-t-il pas un risque de brouillage entre vous et Marine Le Pen, d’une part, Jean-Luc Mélenchon, de l’autre ?

C’est à nous de créer notre espace. Aujourd’hui, DSK, Hollande, Aubry, Bayrou, Villepin, Borloo, Sarkozy, Hulot, Duflot évoluent dans le même marigot, proposant de fausses alternances. Les Français savent bien qu’elles ne résoudront pas leurs problèmes puisqu’aucun de ces candidats déclarés ou potentiels ne remet en cause le cadre qu’ils se sont imposés. Or, c’est précisément ce cadre qui interdit toute solution. Nous avons besoin d’alternatives politiques. La seule qui intéresse le système médiatique est celle que propose ou prétend proposer Marine Le Pen. J’entends, pour ma part, présenter une alternative gaulliste et républicaine. Quand à Jean-Luc Mélenchon, il oscille entre alternance et alternative. Du reste, s’il piétine aujourd’hui, c’est parce que les gens ont compris qu’il risquait d’être un rabatteur pour le candidat de la pseudo-alternance socialiste.

En somme, les seuls candidats du changement seraient Marine Le Pen et vous-même ?

Exactement. Et ce n’est pas par hasard si toute l’attention se focalise sur Marine Le Pen. L’UMP et le PS ne peuvent se maintenir au pouvoir qu’en jouant sur la peur que suscite, légitimement du reste, l’alternative représentée par le Front national. Voilà pourquoi je défendrai inlassablement un projet cohérent de libération nationale que je présenterai début juin à la nation. Les Français jugeront sur pièces. On voudrait nous enfermer dans le même piège que pendant la campagne du référendum de 2005 : personne ne contestait l’existence de différences considérables entre les partisans du « oui » alors que tous les défenseurs du « non » et d’une autre Europe étaient mis dans le même sac. Prétendre qu’il ne pourrait y avoir qu’une alternative, c’est, je le répète, se condamner aux éternelles fausses alternances.

Pour vous, le principal combat consiste à refuser la logique financière qui est à l’origine de la tutelle que vous évoquiez. L’un des exemples les plus frappants est ce que vous appelez le « scandale France Trésor ». De quoi s’agit-il ?

C’est un scandale, mais il n’a rien de secret : je l’ai découvert sur internet. France Trésor est une agence de Bercy chargée de gérer, c’est-à-dire de placer, la dette de la France. Son comité stratégique, autrement dit l’organe qui la conseille dans ses placements, est composé de banquiers internationaux qui en sont aussi les bénéficiaires ! C’est un peu comme si mon Conseil municipal, qui doit notamment décider des achats de la municipalité, était composé non pas d’élus mais de fournisseurs. C’est ahurissant ! C’est sans doute le plus énorme conflit d’intérêt que nous connaissions, car les sommes en jeu, c’est-à-dire le service de la dette, se montent à 50 milliards d’euros par an, soit presqu’autant que le budget de l’Education nationale. D’un côté on supprime des postes dans les hôpitaux, les commissariats, les écoles et de l’autre on paye des intérêts exorbitants à des banques privées qui ont pris le contrôle de notre dette. Or, cette situation est la conséquence de la loi de 1973 qui interdit à la Banque de France de financer directement le Trésor et qui a été sanctuarisée par les traités de Maastricht et de Lisbonne. En vérité, on a privatisé la création monétaire. La Banque centrale européenne prête aux banques au taux de 1%, et celles-ci prêtent à la France à 3%, et à la Grèce ou au Portugal à 7 %. Il s’agit d’un véritable racket de la richesse nationale organisé à grande échelle. Si on n’avait pas, depuis vingt ans, payé d’intérêts sur la dette – ou si on avait payé des intérêts raisonnables – elle aurait déjà été remboursée.

Peut-être mais n’aurait-ce pas été au prix d’une inflation bien supérieure ?

Je ne prétends pas qu’il faut faire marcher la planche à billets dans tous les cas, mais pour les grands investissements stratégiques, il est tout à fait naturel qu’on ne paye pas d’intérêt. C’est ainsi que le général de Gaulle est parvenu, entre 1958 et 1968, rétablir l’équilibre des finances publiques, en conciliant des budgets tout à fait raisonnables sur le plan du fonctionnement et des investissements dans la recherche d’environ 5 % du PIB. Or, nous vivons encore sur les retombées des programmes lancés à ce moment-là. L’enjeu est très clair : soit les gouvernements reprennent le pouvoir sur le secteur bancaire, soit notre pays entrera dans un cercle vicieux d’appauvrissement et de clochardisation. Parce que, pendant ce temps, la Chine et les Etats-Unis investissent massivement dans les technologies du XXIème siècle et nous prenons un retard colossal. Tant que ce système perdurera, nous n’aurons aucune marge de manœuvre pour investir dans la recherche, c’est-à-dire dans l’avenir, et donc, aucun résultat sur le front de l’emploi. Avec cette question du financement de la dette, nous sommes donc au cœur du réacteur nucléaire qui est en train de nous détruire.

Propos recueillis par Jérôme Leroy



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